Les anciennes prisons de Troyes

Jaillant-Deschainets, Procureur au Bailliage de Troyes, établit un mémoire en avril 1782 :

 

         « Les prisons de Troyes, situées au nord de la ville, sont composées d’une chambre appelée « la calamité ».

 

Elle est destinée aux prisonniers pour crimes, aux déserteurs et aux mendiants.

 

Au-dessus sont différentes chambres occupées par les prisonniers civils.

 

Il y en a une qui sert à recevoir les hommes malades, pour y être traités.

 

Les prisonniers criminels ont une cour ou préau assez grand. Mais il est à observer qu’au milieu de cette cour se trouve le puits à leur usage qui n’est point fermé et dans lequel tout prisonnier peut se précipiter.

 

Les prisonniers civils ont un préau séparé, en sorte que l’on peut dire que les hommes y jouissent du sort le moins malheureux possible dans des prisons.

 

Les femmes y sont au contraire dans l’état le plus misérable, le plus digne de pitié. 

 

Elles occupent une seule chambre qui n’a qu’une très petite croisée.

 

On y enferme les femmes détenues pour crime, pour libertinage, pour mendicité ou pour folie.

 

Dans cette chambre de 20 pieds (1 pied = 32,4 centimètres) de longueur sur 13 de largeur, on a vu jusqu’à 17 femmes. Communément, il y en a 10.

 

Avant même que d’entrer, on respire l’air le plus insalubre, le plus imprégné de vapeurs malignes.

 

Les femmes n’ayant pas de fosses d’aisance sont obligées d’y faire tous leurs besoins.

 

L’air ne peut s’y renouveler car elles y sont constamment, jour et nuit, à l’exception de 2 heures qu’elles passent sous le préau.

 

Presque sans sièges, elles sont continuellement assises ou couchées sur la paille qui est répandue sur le plancher, avec la malpropreté, la vermine, ordinaires à cette classe d’individus.

 

Si on ajoute les maladies naturelles ou vénériennes dont se trouvent fréquemment attaquées, les mendiantes et les filles de mauvaise vie, on jugera aisément qu’il est impossible de rassembler dans un si petit espace, plus de germes meurtriers ! ».