Un grand remerciement à M. Franck Gérard, agent de Conservation de cette magnifique demeure, qui m’a remis les documents ci-dessous. Sans lui, ce chapitre serait encore resté « sous le coude ».
Le nom de La Motte-Tilly apparaît pour la première fois en 1369. Sans doute cette motte féodale, ouvrage de défense, occupait-elle l'emplacement de l'imposant château du Moyen-Age subsistant encore au XVIII° siècle et qui, semble-t-il, protégeait un gué sur la Seine, situé à quelques centaines de mètres.
Le vieux château, entouré de douves dont le tracé se lit encore sur le terrain, s'élevait au bord du fleuve, à l'extrémité du parc actuel. Il appartient aux seigneurs de Trainel, puis aux Raguier, aux d'Elbeyne et aux Bournonville.
En 1710, la seigneurie et les terres de La Motte Tilly échoient par mariage, à la famille de Noailles. Louis XIV, en reconnaissance des services rendus par le Duc Maréchal Adrien Maurice de Noailles, érigera cette terre en comté.
En mauvais état, n'étant plus au goût du temps, la vieille forteresse féodale fut rasée et une partie des matériaux sera réemployée dans la construction du château actuel.
Le nouveau château a été édifié à partir de 1754 sur des plans de l'architecte François Nicolas Lancret pour les frères Terray. Le plus célèbre, l'abbé Joseph Marie Terray devint le contrôleur général des finances de Louis XV en 1769.
Le château est resté extérieurement tel qu'il fut achevé.
Sa façade Sud présente deux ailes qui avancent en saillie assez prononcée sur le corps de logis principal. L'association brique et pierre caractérise l'édifice. Les briques sont réservées aux encadrements des fenêtres, et le grès, aux chaînes d'angle, aux corniches, au corps de logis central. Les murs sont recouverts d'un enduit, construction typique des pays pauvres en pierre. La façade Nord domine de haut le cours de la Seine. Ici, les ailes sont à peine détachées du corps de logis principal. Sur les deux façades, la partie centrale de la construction dessine un avant-corps entièrement composé de grès. Au sud, la grande porte d'entrée est surmontée d'un balcon tandis qu'au fronton l'écu des Terray, timbré de la couronne comtale, s'encadre d'un riche décor de feuillages.
A la mort de l'Abbé Terray, son frère, le Vicomte de Rosières, ne lui survécut que deux ans. En 1780, le domaine passe entre les mains de son fils et unique héritier, Antoine Jean Intendant de Montauban, puis de Lyon. Ce dernier va transformer La Motte Tilly. Pour satisfaire au goût romantique de l'époque, il substitue au parc à la française un parc paysager aux nombreuses essences exotiques. Il adapte également le décor intérieur du château : des papiers peints panoramiques mi-champêtres mi-étrusques, prennent la place de certaines boiseries, l'escalier en bois desservant le premier étage, visible sur le plan de F.N. Lancret, fut démoli et remplacé par un bel escalier de pierre dont l'ampleur était plus conforme à la fortune de son propriétaire.
Ces aménagements étaient tout juste terminés lorsque la Révolution éclata. Nommé député de la Noblesse en 1789, Antoine Jean Terray refuse de prendre part à l'immigration. Il estime ne rien avoir à craindre en restant à La Motte Tilly où il est aimé de la population. En fait, ayant été arrêté une première fois en octobre 1793, et incarcéré à Provins, il ne tarde pas à être relaxé. Il se fait arrêter de nouveau à La Motte Tilly avec sa femme, cette fois sur ordre de Paris, le 14 décembre 1793. Ce sont alors quatre mois de prison à Port Libre, l'ancienne maison de Port Royal et, à la fin du mois d'avril 1794, Antoine Jean Terray et sa femme périssent sur l'échafaud.
Déclaré « bien national », l'inventaire du château prit toute l'année 1794 et, de janvier à mars 1795. Près de 1.605 lots d'objets furent vendus à la criée dans les rues de Nogent sur Seine. Aucun de ces objets vendus n'a encore pu être retrouvé. Quand, deux ans plus tard, Claude Hippolyte Terray, le fils d'Antoine Jean, peut reprendre possession du château, celui-ci ne renferme plus que quelques consoles et deux poêles en faïence.
En 1910, le Comte Charles Gérard de Rohan-Chabot (1875-1964) arrière-petit-fils de Claude Hippolyte Terray, rachète le château à ses cousins. S'appuyant sur le plan de Lancret et grâce à un certain nombre de mémoires d'entrepreneurs ayant travaillé à la construction du château, il va essayer de lui redonner son aspect originel.
Le parc « à la française » est alors redessiné, depuis la route jusqu'à la pièce d'eau en aménageant terrasses et cours, laissant le reste en l'état. Deux séries d'arcades et la reconstruction de deux pavillons situés à l'est de la cour d'honneur, restituent le volume initial des bâtiments. A l'intérieur du bâtiment principal, on procède à d'importantes transformations, amenant les commodités de l'époque, tout en respectant les lustres du siècle des Lumières.
Si la première guerre mondiale épargna le château, la seconde, y amènera les
troupes allemandes, relayées par l'armée américaine.
Fort heureusement, les objets de valeur avaient été disséminés dans le voisinage
et furent récupérés par la suite.
A la mort de son père en 1964, sa fille, la Marquise de Maillé, auteur de plusieurs ouvrages sur l'archéologie, hérita de La Motte Tilly et poursuivit sans relâche l'oeuvre de restauration du comte. Salons, chambres d'hôtes, boudoirs furent décorés avec talent et assortis de très beaux meubles anciens, pour la plupart estampillés par les meilleurs ébénistes du XVIII° siècle, et provenant, d'autres demeures familiales.
Dans cette tâche, elle fut aidée par deux hommes, un architecte, Claude Hodanger, et un décorateur, Victor Grandpierre. Et tout était magnifiquement remis à neuf lors du décès accidentel de la marquise, survenu le 19 novembre 1972.
En perdant sa fille, la Princesse de Polignac en 1969, la Marquise de Maillé avait perdu son unique héritière. N'ayant plus d'héritiers directs à qui transmettre cette magnifique demeure, la Marquise de Maillé la légua à la Caisse Nationale de Monuments Historiques et des Sites (aujourd'hui Centre des Monuments Nationaux) avec un domaine de 1080 hectares, assortie d'une importante dotation.
Elle exprima sa volonté formelle que le château ne soit pas habité, mais simplement visité et reste meublé tel que laissé, pour que le visiteur, au-delà de la simple curiosité, ait le sentiment d'une présence.
Le 26 juin 1986, mon ami frère d’armes le Colonel François Cartault créée l’association « Les amis du château de la Motte Tilly », et en sera Président jusqu’en 2014.
L’association organise tout au long de l’année, des animations : visites guidées, concerts, récitals vocaux, pièces de théâtre, contes et goûters pour enfants… Chaque représentation est suivie d’un buffet… Le domaine accueille pour l’organisation de tous événements privés ou professionnels : mariages (4 grandes salles, 28 chambres, tennis…), anniversaires, séminaires, conférences…
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