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Château de la Motte à Rumilly


En 1518, on parle « d’une motte fermée de fossés pleins d’eau, en laquelle maison, grange, colombier et autres édifices, séant à Rumilly, tenant d’une part à la rivière d’Oze, d’autre part aux contours de plusieurs terres ».

 

         Ce sont Jehan de Gand et Bernarde Le Bégat qui sont seigneurs de cette motte de Rumilly, en même temps que de Villemorien, et ce sont eux que l’on voit, représentés en un vitrail de l’église qu’ils ont offert en 1527. On les voit agenouillés, accompagnés de leur fils et de leurs 6 filles.

 

         En 1532, Jehan de Gand est maître forestier, garde des Eaux et Forêts de Bar-sur-Seine. Il décède en 1543.

 

         Son fils Jehan porte lui aussi le titre de seigneur de la Motte de Rumilly et doit, de ce fait, hommage au marquis de Praslin. Il est gentilhomme de la vènerie du roi.

 

         Entre 1586 et 1618, c’est Etienne fils de Jehan, qui demeure au château. Il s’y marie avec Claude de Richebourg, fille de Pierre de Richebourg, seigneur de Pouan et de Courcelles, maître d’hôtel ordinaire du Roi, et d’Anne de Balavoyne. Leur contrat date du 8 juillet 1594.

 

         Mais les affaires du ménage ne prospèrent guère, et Etienne de G       and est obligé d’emprunter 2.400 livres le 16 juin 1620, ce qui l’oblige à consentir  hypothèque, et par conséquent, inventaire de ses biens, qui se fait sur sa déclaration, le 30 octobre 1627.

 

         Pour la défense de sa maison forte, Etienne de Gand dispose d’une « arquebuse à mèche, de 3 mousquets, d’une arquebuse à roue, d’une petite carabine et de 2 pistolets à roue ».

 

         Il sort en carrosse, et possède 8 chevaux. Le domaine abrite aussi : « 5 vaches mères, 2 génisses de l’âge de 2 ans, 4 bouvillons et 1 veau de l’année, 4 cochons, 37 brebis mères et 3 agneaux ».

 

         Pierre, fils d’Etienne, hérite de son père, en particulier du château et du titre de seigneur de la Motte-Rumilly. Ses 2 sœurs se partagent avec lui et le domaine et les charges dont il est grevé. Charlotte qui épouse Antoine d’Arfillères seigneur de la Cour Saint Fal et qui vendra par la suite à Louis Piot seigneur de Beauvais, et Anne dont le mari Jehan de Regnard est capitaine des bois et forêts de la baronnie de Maraye.

 

         Le fils Pierre, Charles et Georges de Regnard héritent de leur oncle et de leur père tous les ennuis attachés à la succession. Malgré bien des artifices de procédure, malgré la séparation de biens entre Pierre et sa femme Marie Rousselet, malgré la vente par Pierre et Charles à Georges, de leurs droits sur la maison seigneuriale de la Motte-Rumilly, le 24 octobre 1668, ce dernier ne peut éviter la saisie.

 

Comme tous les gentilshommes, il est tenu de répondre à la levée du ban et de l’arrière-ban, mandement public adressé de par le roi aux baillis royaux, qui est publié et crié par un sergent pour convoquer les vassaux et arrière-vassaux de la couronne qui doivent ensuite se rendre en armes à l’armée du roi. « Pierre de Regnard, écuyer, sieur des Angles, demeurant à Maraye en personne se déclare aux ordres du Roi. Georges de Regnard, sieur de la Motte remontre qu’il ne peut servir, ses chevaux ayant été saisis et vendus et son fief étant en bail judiciaire et requiert surséance et provision de 1.000 livres sur son bien pour fournir son équipage suivant sa qualité ». C’est la ruine définitive de la famille Regnard, dont les biens à Rumilly, passent aux mains de créanciers, dont le plus important est Michel Noël de Buchères, en 1688. 

 

         En 1737, Edme Jolly, qui occupe le château de la Motte, est cité bailli,  "juge grüyer" de Rumilly, c’est-à-dire chargé de la justice des bois. Il décède en 1757. Jean Victor Dessaint, gendre du défunt, avocat au parlement, demeurant à Piney, succède à son beau-père à la tête du domaine. Lui aussi cèdera la place à son gendre : Jacques Paillot de Montabert. Celui-ci est né à Troyes le 31 octobre 1773, et demeure officiellement rue du Bourg Neuf. Néanmoins il passe à Rumilly une grande partie de l’année, où il fait valoir sa propriété. Emprisonné au grand séminaire de Troyes comme suspect en tant que père d’émigré, il rédige une pétition le 19 thermidor an II (6 août 1791) pour réclamer son élargissement. Il démontre que, loin d’avoir combattu la révolution, il l’a favorisée et lui a fait confiance par l’achat de quelques 80.000 livres de biens nationaux. Il ne sera libéré que le 2 frimaire an III (22 novembre 1791), en même temps que son épouse Marie Marguerite Dessaint, arrêtée pour la même raison que lui. Le même jour que ses père et mère, Victor Paillot quitte le grand séminaire où on l’avait enfermé le 19 pluviôse an II (7 février 1791). A la veille de la révolution, il était étudiant en droit et venait d’avoir 21 ans.

 

Il ajoute à son nom celui de sa femme Elisabeth Louis de Loynes, et est nommé par Bonaparte maire de Troyes (25 novembre 1800 - 8 juillet 1803) sous le nom de Victor Paillot de Loynes, membre et président du conseil général pendant 20 ans à partir de 1804, secrétaire général de la préfecture, et aussi, quoique habitant plus régulièrement Troyes qu’au château de la Motte, Maire de Rumilly par arrêté du 2 février 1826. A ce titre, il jure « fidélité au roi, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume ». Le 22 août 1815, par 81 voix sur 161 votants, les électeurs l’envoient à Paris comme député. Il représente l’élément modérateur, une certaine garantie pour les républicains et les bonapartistes qu’il défend contre l’intransigeance des royalistes. Il se montre plein de sollicitude pour le département de l’Aube qui a bien souffert de l’invasion et peint devant la Chambre, le 25 mars 1816, ses malheurs : « Là, pendant 3 mois, au milieu des rigueurs de l’hiver, un million de soldats de tous pays, de toutes nations, de toutes armes, a reporté sur un espace de 20 lieues, tout ce que la guerre a de plus horrible ». Il demande qu’on vienne au secours « d’un département qui n’a péri que pour le salut de tous », et finalement obtient un secours de 1.440.000 francs.

 

En 1830, il est réélu député de Charles X, continuant d’assurer ses fonctions de maire, jusqu’en 1835, sept ans avant qu’il ne meure.

 

Un de ses fils, Jacques Eugène, époux de Marie Anne Nicolas Lemuet, né à Troyes le 5 prairial an VII (24 mai 1799), lui succède à la mairie de Rumilly, à partir de 1849 et jusqu’à sa mort le 1er juin 1860.

 

Aussitôt, un arrêté en date du 25 juin 1860 nomme Victor Paillot, maire de Rumilly en remplacement de son père. C’est lui qui, le 28 août 1870 signe l’arrêté municipal qui interdit tout « signe de réjouissance tel que jeux et danses, vu l’état d’anxiété et de deuil dans lequel se trouve le pays ».

 

Victor Paillot n’est pas seulement ce magistrat consciencieux dont parlent les textes, c’est aussi un propriétaire terrien soucieux de faire valoir son domaine de la Motte : il obtient une médaille de bronze pour amélioration de la race porcine, au concours de juin 1859, dans le cadre du Comité départemental. Et à l’exposition universelle de 1878, il reçoit une autre récompense pour son cidre qui « associe la pomme à la poire, de tous fruits fort agréable au palais ». Ses compatriotes l’élisent maire en 1876, jusqu’à sa mort en 1890.

 

         Le domaine de la Motte appartient ensuite à M. Hippolyte Sourdat, puis devient la propriété de M. Louis Vachette, industriel à Troyes, puis de sa famille.

 

         En 2017, le Château de la Motte – Rumilly-les-Vaudes, appartient à une famille anglaise, M. Dean, qui souhaite faire partager à ses hôtes l’art de vivre à la française. Il se loue dans son intégralité, toute l’année, et peut accueillir jusqu’à 17 personnes, pour un séjour minimum de 3 nuits. Ses 8 chambres, 5 salles de bains et ses superbes pièces de vie en font une demeure somptueuse, dotée du charme d’antan et d’un grand confort. Son parc de 7 hectares avec piscine, court de tennis, rivière et étang à l’ombre des arbres centenaires, invite à la rêverie et au repos.

 

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