Il y a 80 ans, les scouts faisaient des sorties, allaient camper à Montaigu.
Aujourd’hui, c’est un site bien connu par les amateurs de parcours Trail, ces parcours sportifs très en vogue aujourd’hui. Mais, qui connaît l’histoire du château de Montaigu ?
Montaigu intéresse depuis longtemps les Troyens, par sa situation exceptionnelle, par sa curieuse configuration, par son passé obscur, que des éclairs de bataille illuminent par intervalle.
L’occupation de Montaigu à l’époque gauloise, est indiquée par la multiple enceinte qui l’entoure et qui lui a fait donner le nom de tricastrum. Certains affirment que ce fut le premier centre des Tricasses.
Ensuite, les Romains y installent un poste de Lètes (soldats) chargé d’assurer la sécurité de la route de Milan à Boulogne qui passait au pied.
Pour saint Loup, évêque de Troyes, Montaigu est un refuge dans lequel notre prélat tente de réunir les habitants de Troyes dispersés par l’invasion des Huns en 451, et décimés par les épidémies qui en résultèrent.
Des trouvailles archéologiques faites dans les alentours du mont le confirment. Des tombes de guerriers, de femmes, d’enfants, de l’époque mérovingienne mises à jour, indiquent une population mêlée, groupée autour de leur pasteur.
En 1274-1275, Blanche d’Artois, comtesse de Champagne et reine de Navarre, est propriétaire de Mont Aigu, qui passe en 1314, dans le domaine royal.
A cette époque, c’est la présence des bois qui ont motivé le surnom du village de Laines-aux-Bois. En 1328-1329, « la demoiselle de Torvilliers » de la châtellenie de Villemaur est propriétaire d’une partie de Montaigu, actuellement Les Perrières.
Un parchemin, conservé à la Bibliothèque Nationale, nous apprend qu’en 1341, « le château de Montaigu près Troyes a été réparé, en même temps que le palais royal et quelques maisons appartenant au domaine ».
En 1361-1363, les religieux de Montier-la-Celle supplient le roi Jean le Bon de leur accorder des secours pour relever leurs bâtiments incendiés au cours de la guerre. Leur grange près de Laines-aux-Bois a été détruite et « le bois de charpente et les tuiles ont été amenés en votre château de Montaigu ».
En Août 1362, le roi Jean constate que son « castel Montaigu-lez-Troyes a été pendant les guerres frontière au pays de Champagne, de Brie, de Bourgogne et de Gastinois, entre lesquels il est enclavé…». Cela montre que l’on considérait alors Montaigu et son château comme devant donner un appui sérieux au parti qui en serait le maître. Le roi ajoute qu’il a été plusieurs fois avisé par les membres de son conseil et par les baillis de Troyes que la principale cause de l’état de vétusté du château était la pénurie de ses ressources qui n’avait pas permis de pourvoir à sa garde pendant les précédentes guerres. C’est donc pourquoi le roi Jean, par ordonnance : «unit, adjoint et donne perpétuellement au castel de Montaigu, pour sa garde, sa garnison et sa réfection les terres, héritages, rentes, revenus divers, possessions, justice, seigneurs et biens meubles qui échoiront au roi pour cause de forfaiture dans tout le bailliage de Troyes, sans autre affectation pour l’avenir ». Des lettres qui accompagnent cette ordonnance la complètent et règlent le gouvernement de la forteresse.
Le roi établit les baillis de Troyes comme châtelains, gardes et gouverneurs de Montaigu, avec gages annuels. 12 localités devaient le guet à Montaigu : Bouilly, Souligny, Breban, Linçon, Courcelles, Lépine, Chevillèles, Laines-aux-Bois, Errey, Messon, Torvilliers et Vauchassis.
Une ordonnance de Charles VI, du 25 mai 1413, règle les frais de garde de Montaigu.
En 1417, c’est la guerre de 100 ans. Montaigu appartient alors aux Bourguignons. Les Armagnacs sont maîtres de Troyes, et considèrent le voisinage de cette forteresse comme dangereux tant qu’elle serait aux mains de leurs ennemis. Ils décident de la reprendre. Montaigu tombe alors au pouvoir du parti Armagnac.
Jean sans Peur tente de recouvrer les positions perdues. Ses troupes s’emparent de Troyes, dont le bailli Simon de Bourmont se retire à Montaigu.
Les Bourguignons essaient de prendre la forteresse, mais celle-ci tient bon et demeure jusqu’à la fin « le champion de la France en péril ».
C’est alors qu’Henri V, roi d’Angleterre, vient à Troyes le 20 mai 1420, pour se marier avec Catherine de France, fille de Charles VI le Fou et d’Isabeau de Bavière. Charles VI endosse la responsabilité d’un acte par lequel il ordonne la démolition de sa « forteresse de Montaigu ». Le roi ajoute que les biens existants dans la forteresse, tant qu’en vivres qu’en artillerie, traits, canons et autres habillements de guerre, devront être inventoriés et gardés pour être employés à son profit.
En 1425-1426, les chanoines de la collégiale Saint-Etienne, se préparant à reconstruire, sur le ru Cordé, les bains appelés les Etuves aux Hommes, envoient 3 ouvriers « visiter le pont de Montaigu pour trouver le passage ». Ce pont devait se trouver à l’entrée de la forteresse, en avant du pont-levis. Ce passage trouvé, ils employèrent, durant les mois de juin et juillet, des manœuvres pour extraire des ruines du château la quantité de 45.400 briques qui furent charroyées jusqu’à Troyes.
La ville de Troyes ne tarde pas à y venir aussi. Le 14 juin 1431, 17 conseillers, réunis pour traiter des affaires municipales, décident qu’il est nécessaire d’aller à Montaigu « quérir et amener roche, brique et autre pierre dure, pour conduite de l’ouvrage de maçonnerie commencée derrière l’Isle ». Les fortifications situées derrière le Grand-Séminaire, le long du cours Saint-Jacques furent ainsi refaites. L’apport de pierres de Montaigu fut si considérable que ce boulevard anciennement nommé de Rioteuse, en prit le nom de boulevard de Montaigu. Le petit pont sous lequel la rivière de Jaillard se jette dans la Seine, a été construit avec « la pierre dure » de Montaigu.
Jusqu’à la fin du XVIII° siècle, les habitants des pays voisins sont venus s’y pourvoir de pierres pour bâtir des maisons, faire des dessus de portes, des seuils d’entrée…
En 1460, 1473, 1474, des sentences de l’Officialité de Troyes, tribunal spécialement affecté à juger les affaires religieuses du diocèse, font mention du lieu dit « Montaigu », de la « Voie de Valois » qui prend au pied du mont sur lequel est situé le « castrum Montis acuti » et qui va « usque ad portam dicti Montis acuti », c’est-à-dire jusqu’à la porte dudit castrum.
Dès 1475, ce n’est plus qu’un terrain clos, « à peu près sans valeur ».
En 1978 a été créée « l’ère touristique de Montaigu », agrandie en 1982.
Dans le chapitre « archéologie », vous lirez tout ce qui a été trouvé dans le sous-sol de l’ex château-forteresse de Montaigu.
Sur le bandeau du bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse.
Cliquez sur "Nouveaux chapitres" vous accédez aux dernières pages mises en ligne.