M. le baron Georges de Plancy a écrit une monographie sur ce marquisat, quelques notes historiques sur cette seigneurie.
« Le territoire de Plancy, sis aux confins de l’Aube et de la Marne, possédait déjà à l’époque de l’occupation romaine dans les Gaules, un oppidum ou château-fort commandant la voie romaine qui allait de Troyes à Paris par Sézanne.
Le village n’existait pas encore. La localité la plus proche (à 2 kilomètres), était un bourg nommé « Saturniacum », où vivait au VII° siècle un solitaire, saint Victor, qui a toujours été un grand honneur pour la contrée, pour avoir renouvelé au mariage du roi Clotaire II le miracle des Noces de Cana.
Plancy n’apparait guère comme village, que dans le courant du XI° siècle. Son importance d’ailleurs, ne tarda pas à se manifester, car dès 1273, le roi Henri III, comte de Champagne et de Brie, y faisait transporter la foire de la Madeleine, qui, jusque là, se tenait à La Perthe.
Le plus ancien seigneur de Plancy que l’on connaisse, est une dame Gille ou Gillette, qui vivait en 1080.
Ses descendants possédèrent cette seigneurie pendant de longues années et quelques uns d’entre eux, prirent part aux Croisades.
Pendant la guerre de Cent ans, Plancy prit parti pour les Bourguignons.
En 1441, la terre de Plancy passa dans les mains de la famille de Courtenay. Au XVI° siècle, un membre de cette famille, Charlotte de Courtenay, par suite de son mariage avec Nicolas de La Croix, vicomte de Semoine et de Longueville, la mit aux mains des La Croix.
Enfin, le mariage de Marie de La Croix, avec Gabriel de Guénégaud, seigneur de Plessis-Belleville et de Saint-Just, la fit passer dans la maison des Guénégaud.
En 1656, Henri de Guénégaud, secrétaire d’Etat, vit sa terre érigée en marquisat. C’était un homme éminent, ami des arts et faisant de sa fortune un noble usage. Mansart lui construisit à Paris un magnifique hôtel, qui a donné son nom à la rue. Malheureusement, il fut injustement enveloppé dans le procès de son ami le surintendant Fouquet et mourut disgracié en 1676.
Plancy lui doit l’établissement de ponts sur l’Aube et la création sur cette rivière de la navigation commerciale qui ne tarda pas à y acquérir une grande activité.
La disgrâce d’Henri de Guénégaud, et les confiscations qui l’avaient accompagnée, avait considérablement réduit la fortune de la famille.
En 1714, Plancy fut saisi sur les descendants et adjugé à Jean Moreau, écuyer, secrétaire du roi, dont le fils dut à son tour, pour des raisons analogues, la céder à M. Claude Godard d’Aucour.
Le sixième fils de ce nouvel acquéreur Claude Godard d’Aucour, baron de Saint-Just, seigneur d’Etrelles, né à Paris en 1769, a laissé un certain nom dans les lettres. On lui doit notamment plusieurs opéras, dont Boleldieu a écrit la musique, parmi lesquels : « La famille Suisse » et « Jean de Paris », qui eurent une grande vogue en leur temps.
Le père de Claude Godard d’Aucour n’eut pas à se louer de sa nouvelle acquisition. Il ne fut pas plutôt installé dans sa seigneurie, qu’il vit les villageois lui opposer mille prétentions et l’accabler de tracasseries sur toutes sortes de sujets. Il s’en consolait, en se livrant, comme son fils à la littérature. Esprit distingué, homme de cour, un peu frondeur, il a écrit, entre autres jolies œuvres, « Les mémoires turcs », livre satirique dans le genre des « Lettres persanes », dont le succès fut assez considérable.
Député de la Noblesse aux Etats-Généraux, emprisonné sous la terreur, Godard Daucour ne dut son salut qu’au 9 thermidor. Mais en son absence, la terre de Plancy avait été fortement démembrée, et une partie seulement – importante encore, il est vrai – lui en fut restituée à son retour, avec le château.
A sa mort, Louis, l’aîné de ses fils, abandonna ses droits à son frère Adrien qui avait épousé la fille de l’archi trésorier Lebrun, duc de Plaisance et qui fut membre du Conseil d’Etat, préfet de la Nièvre en 1808, puis de Seine-et-Marne en 1810.
Celui-ci laissa 1 fille et 3 fils dont l’un, Auguste premier écuyer du roi Jérôme, représentant du peuple au Corps législatif, fut le père de M. le baron Georges de Plancy, l’auteur de la savante histoire du « Marquis de Plancy ».
Dès 1900, le château de Plancy n’a plus rien de l’aspect féodal qu’il dut avoir durant les longs siècles du Moyen Âge. C’était alors un solide donjon surmonté de tours à créneaux et à mâchicoulis, bordé de fossés sur lesquels le pont-levis traditionnel s’abattait pour permettre l’entrée dans ses murs et possédant sa chapelle seigneuriale.
Tout ce qui reste de cette époque ne consiste plus guère qu’en des meubles de famille et dans quelques détails de construction, comme la plaque de cheminée reproduite ci-dessous, datant de 1600, timbrée aux armes des La Croix.
Le château se présente sous l’aspect d’une vaste et confortable habitation moderne à un seul étage que couvre un deuxième en mansardes. Sa situation pittoresque sur les bords de l’Aube, ses grandes pelouses et le magnifique parc qui l’entoure, en font une résidence superbe, qu’illustrent de grands souvenirs historiques, depuis Gilette de Plancy, jusqu’à Napoléon 1er, qui coucha au château le 19 mars 1814.
De nos jours, le château a été réhabilité par ses nouveaux propriétaires M. et Mme Dirk Hermann Bliesener.
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