A 10 km de Troyes, dans un parc à la française centenaire, le domaine de Vermoise met aujourd’hui, pour des réceptions privées ou professionnelles, à disposition, une grange champenoise du XVIII° siècle, pouvant accueillir de 100 à 300 personnes.
Les bords de la Seine ont été labourés par les armées, et ses habitants soumis à de cruelles épreuves ; c’est le sort de toutes les contrées ouvertes qui se trouvent sur le chemin des grandes villes. Les passages des nuées de barbares qui succédèrent à l’invasion romaine, confond dans un commun désastre toute la contrée qui s’étend depuis Troyes jusqu’à Méry-sur-Seine. C’est dans les temps reculés, au milieu du IV° siècle, la guerre des Allemands. Au V°, les Vandales, puis le passage d’Attila. Au VIII° siècle, l’invasion des Sarrazins. Au IX° siècle, les ravages des Normands. C’est aux XV° et XVI° siècles, la guerre des Anglais, avec ses mille épisodes de dévastation et de ruine. C’est au XVI° siècle la guerre des Ligueurs, et enfin en 1814, la coalition européenne.
Vannes et Vermoise, hameaux dépendant de Sainte-Maure, se tiennent par la situation et par les événements. Une partie de Vermoise dépendant de Thurey, tombe au XI° siècle, par suite de la donation faite par Hugues II évêque de Troyes, entre les mains du couvent de Saint-Benoît-sur-Loire. C’est de cette époque que Thurey change de nom, comme Cormorin, compris dans le même don. Celui-ci s’appela Saint-Benoît-sur-Vannes, celui-là, Saint-Benoît-sur-Seine.
Vannes avait des moulins antérieurs au XII° siècle, et dont il est question dans des titres qui remontent à l’époque d’Henri 1er le Libéral, comte de Champagne (1152). Les papeteries de la célèbre famille troyenne des Le Bé, imprimeurs aux XV °et XVI° siècles, étaient situées sur le bras de Seine qui traverse le hameau. C’est à l’un des membres de cette famille qu’on a prêté un mot célèbre Le Bé traversait Fontainebleau pour regagner Paris. Il rencontre chemin faisant, un cavalier de bonne mine qui lia conversation avec lui. La nouvelle à l’ordre du jour était l’abjuration d’Henri IV : « Que pensez-vous de sa conversion ? demande l’inconnu ». « Peuh ! fait le Bé, la caque sent toujours le hareng !». Quelques minutes après, une troupe de gentilshommes vient aborder l’étranger. Le Bé reconnait le Roi et veut s’excuser en se jetant à ses pieds. Henri IV le relève, lui demande son nom, celui de son pays, et sa profession. C’est à cette circonstance, qui pouvait leur valoir une rancune, que les Le Bé obtinrent de timbrer leurs papiers à la couronne royale.
A l’époque de la guerre Anglaise, les habitants de Vannes et Vermoise furent obligés de se retirer à Saint-Lyé, pourvu d’un château très solidement fortifié et présentant de redoutables conditions de défense. Non content d’offrir un refuge à ses voisins, l’évêque de Troyes, Jean de Braque, sollicite de Charles V, en 1372, le droit de contraindre les habitants à venir chercher un asile en cas de guerre, dans son château-fort. En 1830, un habitant de Vannes, reçoit du Chapitre de la Cathédrale, une somme de 15 livres en remboursement de pareille somme donnée pour se racheter du pillage dont il était menacé par les soldats de Buckingham. Ces 2 hameaux servent d’étape aux troupes du comte de Grandpré, qui y arrive le 16 septembre 1590, suivi de MM. Dinteville, de Mesgrigny, de Villchétif, Dorigny et autres personnages de Troyes, où le duc de Mayenne commande pour la Ligue. La journée du lendemain 17, célèbre par l’échec qu’éprouve l’expédition, est connue dans l’histoire de Troyes sous le nom de « journée de Saint-Lambert ». Quoique de la même commune, Vannes et Vermoise appartiennent à 2 seigneurs différents. Vannes relève du Chapitre de la Cathédrale, son seigneur, et Vermoise forme une seigneurie particulière de la mairie Royale de la Grande-Rivière, et relève du marquisat de Villacerf. De Culoison à Mergey, en passant par Sainte-Maure, Vannes, Vermoise et Saint-Benoît, on voit un reste de la canalisation entreprise en dessous de Troyes, c’est le Melda.
Bien des lacunes existent dans la suite des seigneurs de Vermoise. Il paraîtrait cependant, que dans les temps de la féodalité, le domaine des seigneurs embrassait presque tout le hameau. Le château dont l’enceinte fortifiée servait d’asile aux serfs de la terre, était entouré par une dérivation de la Seine. Le premier nom propre qui se trouve dans les chroniques, est celui de Huguenin Le Muet, qui vivait en 1430. Laurent de Moulinet, un de ses successeurs dans la propriété et sa seigneurie de Vermoise était au nombre des nobles de la province, dans l’Assemblée tenue en avril 1493, à Troyes, pour la rédaction de la coutume. Les familles Coiffard et Gombault, qui ont donné des maires à la ville de Troyes en 1534, 1550 et 1573, possédèrent ensuite la terre. En 1651, la seigneurie de Vermoise est acquise par Louis Huez, conseiller au Bailliage de Troyes. M. Nicolas Huez, de Pouilly, ancien Maître des Comptes et Juge au Tribunal de Troyes, ferme tout-à-la-fois la liste des seigneurs et celle des propriétaires de son nom. Vermoise appartient ensuite à M. Thiesset, petit-fils de M. Nicolas Huez.
Il reste peu de choses de l’ancien château : un mur d’enceinte qui relie quelques tours, et l’ancienne porte d’entrée, mais cette porte vaut tout un édifice. C’est une construction d’architecture militaire du commencement du XVI° siècle, la seule peut-être qui représente, dans le département, cette époque de l’architecture mixte où les constructions seigneuriales étaient à la fois bourgeoises et militaires. Un corps-de-logis flanqué de tourillons en encorbellement, dont les culs de lampe, formés de tores circulaires décroissantes, s’ajoutent au-dessous de l’architrave, compose ce petit édifice supporté, de chaque côté, par des piles triangulaires, à soubassement en saillie. Une ouverture en plein-cintre conduit dans l’intérieur du rez-de-chaussée, fermé à l’intérieur et à l’extérieur par une double porte. L’unique étage de la construction est percé extérieurement de 4 fenêtres. Une toiture en cône prolongé, sur les tourillons, et un toit à 4 pans décoré d’une lucarne à pignon, sur le corps-de-logis, couronnent l’ensemble, que maintiennent 2 contreforts.
Il y avait encore en 1750, à Vermoise, un château de construction ancienne, qui fut délaissé
pour une habitation moderne, puis démoli. C’est miracle, que le pavillon ait échappé au marteau. C’est l’artiste troyen Maurice Marinot qui
a dessiné le parc à la française, qui comprend des charmilles et une terrasse en bois dominant la rivière, avec de belles allées et des cerisiers.La charpente et la toiture ont été totalement
remaniées et remises en valeur.
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