L’année 1913 a vu disparaître le curieux petit édifice connu sous le nom de Château ou Manoir du Labourat.
Son nom également « Labouras » (de labourage), rappelant l’existence d’une ancienne ferme ou gagnage (pâturage).
Le quartier s’appelait « Laboras » dès l’année 1131, et l’abbaye de Saint-Loup de Troyes y possédait alors une vigne qui lui avait été donnée par Charles-le-Chauve (840-877).
Cette pittoresque construction du XVII° siècle, que ses galeries courant sur 3 côtés du premier étage rendaient si gracieuse, si légère, si exigüe aussi, disaient les occupants, n’était pas un château, pas même un menu fief, mais tout au plus un pavillon champêtre, une maisonnette de jardin, le « vide-bouteille » d’un bourgeois ou la « folie » d’un membre de la noblesse troyenne.
Le Labourat, dépendance du bourg de Saint-Jacques, était lui-même une seigneurie, en 1565, entre les mains d’Antoine Menisson, écuyer du prince Condé, seigneur de Saint-Pouange et de Souleaux.
On ignore d’ailleurs qui l’a fait construire et quels furent les propriétaires jusqu’à la famille Turpin, qui la posséda presque tout le XIX° siècle et après qui elle passa à M. Giraud-Drouot, négociant.
Elle avait fort bon air, autrefois, lorsqu’avec les 2 pavillons qui se faisaient pendant à ses côtés, elle montrait joyeusement les épis de terre cuite qui surmontaient sa toiture en tuiles vernissées.
Deux vues en ont été dessinées par E. Vin.
L’une d’elles illustre un article de M. Albert Babeau sur « Les anciennes Galeries des maisons de Troyes » pour l’« Annuaire de l’Aube » de 1884. On en voit là les faces ouest et sud.
L’autre dessin, préparé pour l’« Annuaire » de 1885, mais non utilisé, présente la face nord avec les 2 bâtiments de dépendances, sans cependant montrer, encastrée dans le mur de celui de droite, la pierre sculptée, en façon de stèle, où se devinaient encore des formes humaines, mais très effacées.
Entretenu, le Manoir ou Château du Labourat eût pu défier encore quelques siècles.
Mais, l’abandon dans lequel il était resté, en amenant des déprédations devenues irrémédiables, a rendu nécessaire sa démolition complète.
Dommage, les passants aimaient voir sa fine silhouette sur la route de Pont-Hubert, dont elle était « le seul jalon intéressant depuis la Trinité ! ».
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