Du VII° au XII° siècle, plusieurs hôpitaux, sensiblement égaux en importance, existent à Troyes.
L’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, établi par les chanoines de la cathédrale, vers le VII° siècle, pour les pauvres. Le nombre des pauvres augmentant tous les jours, les chanoines mettent dans cet établissement des religieux et des religieuses de l’ordre de saint Augustin. " L’enfermerie, comme on l’appelle à ses débuts renfermait alors des filles déréglées ". Cet hôpital reçoit des vieillards et des orphelins habitant exclusivement Troyes. Il est réservé aux pauvres de la ville pour 2 nuits, et pour une, aux pèlerins de passage. La particularité la plus curieuse, est que l’on y fabrique le pain pour tous les autres hôpitaux de la région. En 1854, les Sœurs de la Charité de Nevers prennent la direction de l’Hospice. Les Augustines se transportent alors sur la paroisse Saint-Martin où elles continuent leur apostolat près des malades à domicile.
L’Hôtel-Dieu du Saint Esprit, fondé vers 1090 (emplacement de la caserne Beurnonville), par les frères de l’hôpital du Saint-Esprit de Montpellier, est " pour les vieillards décrépits et impotents de Troyes, les hommes séparés des femmes ".
En 1360, afin de défendre efficacement la ville, il est démoli et reconstruit en 1418. Il y a une communauté de religieux et religieuses de Saint-Augustin. Il brûle dans l’incendie de 1524, et est réparé en 1583. Il est donné aux Pères de l’Oratoire, en 1618, et lors de son voyage à Troyes, en 1630, Louis XIII maintient les religieux dans cette propriété, pour diriger le collège du legs François Pithou. Les pauvres de cet hôpital sont transportés à celui de Saint-Nicolas.
L’Hôtel-Dieu Saint-Bernard, fondé à la fin du XI° siècle, par saint Bernard d’Aoste, touché de compassion à la vue du grand nombre de pauvres qu’il trouve dans Troyes. Les comtes de Champagne y font beaucoup de donations. Dès 1167, c’est une communauté de chanoines de saint Augustin qui est à la tête. Cet hôpital tient le troisième rang parmi ceux de Troyes. On y reçoit les pèlerins de Saint-Jacques et les passants étrangers pour une nuit.
En 1524, cette maison brûle, mais en 1535, elle est reconstruite. Au moyen-âge, on y reçoit les pèlerins du Mont-Saint-Michel : " il leur est donné aumône de pain, mais ils ne doivent séjourner qu’une nuit ". Les bâtiments sont occupés en 1617 par les orphelins, " pauvres enfants mâles au-dessus de six ans jusqu’à l ‘âge de neuf à dix ans où ils peuvent apprendre un métier et être mis à service, les hommes pauvres étrangers valides ", puis de 1695 à 1750, par les Filles repenties de l’Hôpital Saint-Nicolas, sous la garde des religieuses du Bon Pasteur. L’Hôtel-Dieu est supprimé et démoli en 1750.
L’Hôtel-Dieu le Comte, ou Hôtel-Dieu Saint-Etienne, fondé par Henri 1er le Libéral, au XII° siècle, est dirigé par deux communautés de religieux et de religieuses de l’ordre de saint-Augustin. C’est l’établissement le plus riche de tous. De nombreux dons de particuliers, un impôt municipal, le produit de quêtes, le revenu de propriétés et manufactures… lui assurent au cours des siècles, son développement, et il bénéficie dès 1285, de la protection spéciale des rois de France. Aux pauvres de passage, aux malades, aux femmes en couche, reçus primitivement, s’adjoignent au XV° siècle, les enfants trouvés et les incurables. En 1539 et 1569, l’Hôtel-Dieu s’attache les services officiels de barbiers-chirurgiens, puis de médecins. En 1697, sous l’impulsion de notre évêque Bouthillier de Chavigny, l’hôpital est entièrement reconstruit. En 1756, on pose la 1ère pierre de la seconde aile, et en 1759, on élève les nouvelles chapelles. En 1700, l’Hôtel-Dieu se voit contraint d’accueillir les soldats malades ou blessés, les prisonniers de guerre et les nouveaux-nés abandonnés. Les pauvres de Troyes y reçoivent divers soins et secours en nature. En 1760, est exécutée la magnifique grille monumentale de 13 m de haut et 35 de long. En 1781, le nouvel hôpital est considéré comme " l’un des plus beaux que l’on puisse voir en France ". A la Révolution, on transfère les incurables à Saint-Nicolas. Jusqu’en 1822, on compte plusieurs malades par lit. En 1854, les Dames des Orphelines de l’Enfant Jésus succèdent aux sœurs Augustines. Un service de chirurgie n’est établi qu’en 1895.
L’Hôtel-Dieu Saint-Lazare, au XII° siècle, désigné également sous le nom de Maladrerie des Deux-Eaux, bénéficie de dons importants de notre comte Henri 1er. Réservé aux pestiférés, il se situait à Bréviandes. Il est démoli au XVII° siècle, après la disparition de cette maladie.
L’Hôtel-Dieu Saint Abraham (rue Jaillant-Deschainets), est fondé en 1178 par le comte Henri 1er pour les pèlerins de Jérusalem et pour les orphelins qui se destinent à ce voyage. Vers le milieu du XIV° siècle, il est presque entièrement détruit par les Anglais. En 1370, notre évêque Henri de Poitiers laisse par testament, de quoi réparer cette maison, et charge les exécuteurs d'y faire bâtir une chapelle. L'évêque Pierre d'Arcies qui meurt en 1395, y laisse par testament une somme importante. Il est dirigé en 1485 par la communauté des Filles repenties ou Filles-pénitentes (d'où la rie fut appelée Rue des Filles). Informé par notre évêque, le roi François 1er s'en déclare protecteur, et permet à ces Filles d'acheter " telle maison qu'il leur plairait, sans payer d'amortissement ", et pour les former, il envoya un certain nombre de filles du couvent des Pénitentes de Paris. L'évêque de Troyes, pour obtenir la confirmation de cet établissement, s'adressa au pape Léon X, qui accorda, en faveur de ces Filles, une bulle en vertu de laquelle l'évêque Guillaume Parvi, en 1519, les établit en communauté sous la règle des religieux et religieuses de l’ordre de Saint-Augustin. L'Hôtel-Dieu est " brûlé " lors de l’incendie de 1524, et réduit en cendres. L'ouvrage est reconstruit et terminé en 1619, et les Pénitentes filles et femmes sont remises en possession de cet hôpital, mais en 1630 l'évêque René de Breslay y met la réforme et donnent tous les biens aux Visitandines. L'Hôpital Saint-Abraham a été abandonné pendant plus d'un siècle, et l'évêque de Troyes en a formé une maison d'orphelines, qui y sont admises en apportant un lit ou la somme de 40 livres. Elles y sont occupées à une filature de coton et instruites des devoirs du christianisme.
L’Hôtel-Dieu de Saint Utin, est desservi en 1248 par des religieux de l’ordre de Saint-Augustin, puis il est réuni à l’hôtel-Dieu le Comte.
L’Hôtel-Dieu de la Trinité, est fondé en 1560 par Jean de Mauroy et Louise de Pleurs, sa femme, pour 12 enfants orphelins, suivant les règles du collège des Enfants de la Trinité à Paris. De 1746 à 1832 on y joint les orphelins de Saint-Bernard pour y travailler à la première bonneterie troyenne.
En 1530, c’est à des laïcs que l’on abandonne la gestion des hôpitaux de Troyes.
Par arrêt du conseil de 1630, et lettres patentes de 1631, tous les hôpitaux sont réunis sous une seule administration à cette date.
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