En 1140, une donation permet la fondation de la " Maison-Dieu de Saint-Étienne ", à la place des remparts gallo-romains, qui prend le nom de l’Hôpital Dieu le Comte, vers 1182, après le décès d’Henri 1er le Libéral qui en est le fondateur en 1157.
Le comte voue cette institution aux pauvres, malades, femmes en couche, enfants trouvés, incurables, blessés et prisonniers de guerre, et y affecte des biens et des revenus.
Il établit 2 communautés de Saint-Augustin, une de religieux pour la célébration de l’office et l’administration des sacrements, une de religieuses pour le secours des infirmes. Les malades femmes sont conduites aux sœurs et les hommes aux frères.
Si un frère ou une sœur dit des injures ou fait des reproches aux malades, il est mis au pain et à l’eau pendant trois jours.
Lorsqu’un malade entre, on doit le confesser, le faire communier, puis lui laver les pieds et le corps.
Si à la mort d’un frère ou d’une sœur, on trouve en sa possession quelque argent ou autre chose de prix, il n’est fait pour lui ni mémoire ni service; on ne l’enterre pas, on doit " le jeter aux champs comme un chien pourri ". Les statuts de ces religieux édictent aussi des peines contre les frères et sœurs, à l’égard de l’ivrognerie, de la fornication et même à l’occasion de repas, pris en ville, ou de " l’entrée dans des lieux connus suspects ".
Au Moyen-Age, les hôtels-Dieu ont une double destination : offrir un abri aux pauvres voyageurs, et recueillir et soigner les personnes, atteintes de maladies, soit mortelles, soit guérissables.
D'après un règlement de 1263, l'hôpital ne reçoit pas les lépreux, les mutilés, les estropiés, les manchots ni les aveugles, leurs infirmités ne constituant pas des maladies guérissables. Les enfants trouvés ne sont pas non plus admis :" Si nous les recevions, dit le règlement, il en viendrait une telle quantité que les biens de la maison n'y suffiraient pas; ce n'est pas à nous, mais aux églises paroissiales que revient cette charge". On y reçoit les femmes en couches, mais autant que possible après leur accouchement, pour éviter les scènes de cris et de gémissements qui se produisent à ce moment-là. Elles y restent jusqu'à leurs relevailles.
Au début du XIII° siècle, l’Hôtel Dieu voit augmenter considérablement ses revenus, et reçoit des biens de toute nature : par exemple, Isabelle de Raiz, donne Dodon le charpentier, son homme de corps et sa famille; Hugues de Villemoyenne fait don d’un Aubert le pêcheur, de sa famille , de tout ce qu’il possède en meubles et immeubles, avec droit de pêche, dans la Seine; un chanoine de Saint Etienne veut que huit poules soient distribuées, le jour des morts, aux malades les plus souffrants; Guillaume de Putemonnoie, un chevalier, veut qu’il soit distribué aux pauvres, chaque année, trois robes, valant ensemble 13 sous, et six paires de souliers...
Les papes Célestin III, Honorius III, Jean XXII et Urbain IV prennent cet hôpital sous leur protection.
Au XV° siècle, des plaintes se manifestent de toutes parts contre les vices et les abus de l’administration des établissements charitables par les religieux.
Les réclamations sont plus vives au siècle suivant. En 1527, le conseil de ville de Troyes signale le désordre et l’incurie qui règne à l’Hôtel-Dieu-le-Comte. Un édit du roi de 1534 donne satisfaction à ces plaintes. La direction spirituelle et les soins hospitaliers sont laissés aux religieux et religieuses, mais l’administration des biens, des revenus et des dépenses est confiée à 4 bourgeois élus par les habitants. Le contrôle n’est pas inutile : en 1538, la pitance journalière de 5 religieux est de 12 s. 6 d. par jour, et celle des 30 à 40 pauvres que nourrit alors l’hôpital, est de 15 à 17 s. !
Au XVI° siècle, les chirurgiens barbiers font les opérations les plus graves, ils coupent les jambes, qui sont remplacées par des jambes de bois exécutées par des charrons. Dans certains cas, on appelle des empiriques pour les seconder.
En 1550, " on creuse seulement 104 fosses, pour 17.454 pauvres entrés à l’Hôtel-Dieu ".
Pour remédier au déficit, on transporte les reliques de St Barthélemy et de Ste Marguerite, contenues dans deux bustes en bois sculpté et peint, avec une fente sur le dessus, pour les aumônes (elles peuvent être admirées à la pharmacie de l’Hôtel-Dieu). On a aussi recours aux quêtes dans les églises de la ville et de la campagne, et les sœurs vont quêter dans les villages, du chanvre et des œufs. La sagesse avec laquelle sont administrés les biens de l’Hôtel-Dieu plus tard, permet de renoncer à ces quêtes.
En 1566, l’Hôtel-Dieu-le-Comte reçoit les malades, les femmes en couches et les enfants trouvés (voir le chapitre " enfance abandonnée ").
Par un arrêt de 1662, le nombre de religieux est fixé à 10 et celui des religieuses à 14. En 1667, les religieux ne se mêlent plus du spirituel, employés uniquement comme soignants.
Par arrêt lettres patentes de 1631, les 6 hôpitaux troyens sont réunis sous la seule administration de l’Hôtel-Dieu le Comte.
C’est l’honneur de la civilisation chrétienne d’avoir suscité des efforts désintéressés pour remédier aux maux de l’humanité ou pour les combattre.
Lors de l'épidémie de variole, plusieurs hospitalisés pour d'autres cas, ont contracté cette maladie, en surplus. Ils venaient à l'hôpital pour être guéris et ils y attrapaient la rougeole, la scarlatine ou l'érysipèle. C'était un comble, et l'on doutait des progrès accomplis, depuis les lits de paille de la salle des Quarante-heures, au temps miséreux du comte Henri.
La dégradation des bâtiments nécessite la reconstruction de l’hospice en 1733 le corps principal, puis l’aile droite. La chapelle actuelle est érigée en 1758.
La superbe grille en fer forgé classée Monument Historique, date de 1760, et figure comme chef-d’œuvre européen en serrurerie, à côté de l’ensemble de la place Stanislas de Nancy. Le cadran solaire est posé en 1764.
En 1771, on compte 217 morts pour 1894 entrants. 1 enfant sur 4 n’atteint pas son premier anniversaire, et ce n’est qu’en 1810 qu’un lit ne sert plus qu’à un seul malade, au lieu de 2 ou même 3.
L’ensemble est classé monument historique en 1885.
L’Hôtel-Dieu est transféré aux Hauts-Clos en 1957.
En 1992, l’antenne délocalisée de l’Université de Reims ouvre ses portes à l’Hôtel Dieu, avec comme formations : Lettres et Sciences Humaines, Droit et Science Politique, Sciences Economiques et Gestion : deug d’Anglais et d’Histoire, certificat de capacité en droit, deug d’Administration Economique et Sociale, formation de qualité de niveau Bac + 2, +3, +4.
Le bâtiment ancien abrite la Bibliothèque Universitaire.
Le bâtiment neuf de 5.000 m² comporte 3 amphithéâtres de 1.000 places, qui sont dotés des derniers équipements technologiques de pointe.
En 2009, 1.100 étudiants la fréquentent.
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