Suite à l’incendie de 1524, Louis Largentier baron de Chapelaines, bailli de Troyes, teinturier de draps, construit en 1535, sur un emplacement qui appartenait à l’abbaye de Clairvaux et de Notre-Dame-des-Prés, un hôtel particulier qui porte tout d’abord le nom de grand hôtel de Clairvaux.
Cet édifice de pierre est un des rares joyaux de style Renaissance.
La façade est divisée en 5 parties par des pilastres sculptés et surmontés de chapiteaux.
Les fenêtres du premier étage sont moulurées et entourées de colonnettes avec un fronton triangulaire.
Au-dessus, il y a une balustrade avec des vases cannelés ouverts.
A l’angle, 2 énormes gargouilles à tête monstrueuse.
Le baron de Chapelaines, capitaine de la milice bourgeoise en juin 1586, voit son hôtel pillé par des émeutiers recrutés surtout parmi les drapiers et les tisserands, soulevés à l’occasion d’un impôt établi sur les métiers. Ils enlèvent les meubles et un grand nombre d’arquebuses avec leurs munitions.
La force armée et 200 bourgeois armés et dirigés par les magistrats mettent alors les émeutiers en déroute, tuant 2 hommes et en blessant 80, dont 30 meurent dans les 48 heures. Ils font 323 prisonniers.
Le 1er juillet, le chef des émeutiers, son épouse et 2 autres chefs de la sédition sont pendus et leurs corps mis aux piliers de la justice, hors la ville. Le roi avait demandé une répression sévère.
Louis XIII, se rendant en Dauphiné, pour y joindre son armée prête à envahir l’Italie, descend dans cet hôtel (logis de son bailli à Troyes) et non à l’évêché, le 23 janvier 1629, au bruit des canons, des cris de joie et des " vive le roi ", alors que les cloches des églises carillonnent.
Il y reste jusqu’au 26, et il y loge avec " les principaux officiers de sa personne qui sont commodément logés ".
Il avait adressé au maire Moyse Riglet, le 10 janvier, cette lettre : " A nos chers et bien amez les Maires, Eschevins, et Habitans de notre ville de Troyes : ayant résolu de partir dans peu de jours pour nous acheminer et joindre nos armées en Dauphiné nous vous escrivons cette lettre pour vous advertir que nous faisons estat de passer par nostre ville de Troyes, afin que vous prepareriez les choses nécessaires pour notre entree en icelle, ainsi qu’il est accoustumé, y apportans la diligence requise, pour ne retarder nostre voyage, sans toutefois vous constituer en beaucoup de despense, ne desirans de vous rien de plus que le tesmoignage de vostre affection a notre service. A quoy vous ne ferez faute : car tel est nostre plaisir ".
C’est dans cet hôtel qu’il reçoit le maire et les personnalités de la ville.
Par ce choix de l‘hôtel particulier de son représentant local le baron de Chapelaines, bailli de Troyes, comme résidence, le roi affirme ainsi la supériorité de son bailli sur les autres corps de ville.
La ville lui offre un cœur d’or pur, s’ouvrant à l’aide d’un ressort et contenant une fleur de lys entourée de 2 branches de laurier en or émaillé, et les échevins offrent une fontaine placée dans un grand bassin, en vermeil ciselé.
Lors de l’invasion de 1814, l‘Empereur d‘Autriche, François 1er (dont la fille épousa notre empereur Napoléon), y descend le 8 février.
Il y tient une conférence avec le roi de Prusse Frédéric Guillaume III et le Tsar Alexandre 1er de Russie.
Tous trois y décident de ne plus traiter avec Napoléon.
Cet hôtel possédait dans la pièce principale, une cheminée monumentale décorée de bas-reliefs d’une très brillante exécution, qui a été donnée au Musée de Troyes.
Aujourd’hui, cette demeure est occupée par des particuliers.
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