"Après tout, le bonheur n’est-il que dans les gares ? " a écrit Charles Cros, poète et inventeur français.
En 1844, d’énergiques manifestations, pétitions, brochures, délibérations, articles de journaux, se multiplient pour obtenir le passage par Troyes de la ligne de Paris à Lyon.
Malgré tous ses efforts, la ville ne peut obtenir qu’un embranchement, le premier de ceux qui furent créés à cette époque.
Construite en 1847, la première ouverte au centre de Troyes, gare de la petite ligne de Troyes à Montereau et retour (ligne qui la rapproche de la capitale), appelée pour l’aller l’Embarcadère et, pour le retour, le Débarcadère, est inaugurée en avril 1848.
La fête est imposante : un ministre, des personnalités nationales, une foule immense.
Les tambours battent aux champs, tandis que le train glisse lentement sur les rails.
Mais attention, on a bien fait les choses. Une panne étant toujours à craindre, une deuxième locomotive a été accrochée derrière la première. Toutes deux remorquent 16 wagons à une vitesse folle de 40 kms à l’heure, ce qui émerveille les curieux massés sur le passage !
Le canon tonne, les cloches sonnent, la garde nationale présente les armes, les corporations ouvrières déploient des drapeaux, le clergé, l’évêque en tête et 15.000 Troyens attendent le cortège. Des acclamations délirantes montent de la foule enthousiaste.
Debout, dans des wagons découverts, les personnalités qui n’ont pas craint d’affronter les périls inconnus du voyage, semblent les héros des temps modernes. La distance est vaincue. Tout déplacement deviendra un réel plaisir et s’opérera en vitesse. C’est en outre l’envol de l’industrie et le triomphe du commerce.
Mais hélas, le trafic ne dure pas longtemps.
La gare est détruite en 1855 par un incendie.
Réparée sommairement, elle sert jusqu’en 1857, date à laquelle la Compagnie des chemins de fer de l’Est ouvre le service de la ligne Paris - Mulhouse.
Que faire de l’Embarcadère devenu disponible ? On le retape pour le transformer en lycée de garçons.
Le chemin de fer connaît à ses débuts un essor prodigieux. En 50 ans, une toile d’araignée de 7 lignes tendue sur le département promet une grande envolée.
Le projet initial de la ligne Orléans-Chatillon place la gare à la Chapelle-Saint-Luc, c’est-à-dire à 3 kms de Troyes. Pourquoi ? Pour éviter l’octroi dont les ressources sont indispensables à la cité. Finalement, la ligne se rabat sur Sainte-Savine-Troyes.
La nouvelle gare, construite à l’emplacement actuel, est achevée au printemps 1858, et la ligne ouverte de Paris à Chaumont.
Sa seule coquetterie repose sur un cadran, hissé à son fronton, pour bien signifier que l’heure est primordiale dans le fonctionnement des chemins de fer.
En 1862, Troyes se relie à Bar-sur-Seine et en 1866 à Chatillon. En 1869, la ligne de Sens à Châlons-sur-Marne, passe par la gare de Troyes.
A partir de 1870, le trajet jusqu’à Paris s’effectue à grande vitesse, en 5 heures, moyennant 10 francs en 3° classe.
Par comparaison, en 1586, le service de coche pour cette même ligne, s’effectue pour 1 écu (soit 50 francs, plus les frais d’hôtellerie), et le voyageur n’a droit qu’à 10 livres de bagages.
Il ne peut y avoir plus de 7 à 8 personnes à la fois. Le trajet dure 3 jours l’été et 4 l’hiver !
En 1784, des diligences partent le lundi à 5 heures du matin, et arrivent à Paris le mardi soir (quand elles arrivent), pour 30 livres 8 sous.
En 1887, Romilly-sur-Seine, devient un centre d’ateliers de construction de wagons.
En 1895, un immense toit vient recouvrir les quais de la gare.
La gare de Troyes est alors la plus importante de toutes celles qui se trouvent sur le parcours de Paris à Mulhouse !
En 1901, " Le Petit troyen " explique sur 5 pages " Comment il faut monter dans un train et en descendre ", pour éviter de tomber sur les voisins, de se briser les jarrets, ou pour les dames, comment ne pas manquer de retrousser leurs jupes !
Il faut reconnaître sur la carte du département de l’Aube la disposition rationnelle du réseau ferroviaire. Ses lignes se sont développées sur tout le territoire, favorisant indubitablement l’essor économique attendu des mesures de décentralisation industrielle. A Troyes-La Chapelle-Saint-Luc où les Ets Michelin et Kléber-Colombes se sont installés, à Romilly-sur-Seine où s’embranche l’usine Frimatic, à Bar-sur-Aube des zones facilement raccordables à la voie ferrée ont été délimitées pour l’implantation de futures entreprises.
En 1912, est construite notre gare actuelle, qui vient d’être rénovée en 2005.
Elle se voit attribuer le titre de "monument historique".
En 2012, les Aubois attendent l’électrification de la ligne depuis des dizaines d’années !!!!
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