Les Musées de Bonneterie sont des plus rares, non seulement en France, mais encore en Europe et même dans le monde entier. Les différents Guides nationaux invitent les touristes de passage à Troyes à visiter le Musée de la Bonneterie qui est, soulignent-ils, unique en France ! Mais sans doute aussi au monde !
Seul le Musée de la Bonneterie de Troyes constitue un ensemble vraiment complet, montrant l’industrie de la maille sous toutes ses faces, et comprenant à la fois les métiers et leurs auxiliaires, depuis le rouet qui est à l’origine de tout travail textile, jusqu’aux machines à coudre, à piquer, à soutacher, à remmailler, les emporte-pièces pour tailler 12 gants d’un seul coup… ainsi que d’innombrables bas (une paire de bas de soie à la main, exécutée pour la reine Elisabeth 1er), chaussettes, gants (en laine, coton ou soie), mitaines, sous-vêtements (1 culotte de dame datant de 1830, en indémaillable), bonnets de coton, si célèbres à Troyes, maillots de bain, voir même des bikinis !
Dès 1864, un premier musée était déjà constitué, sous forme rudimentaire, mais les métiers n’étaient pas encore présentés au public. C’est seulement au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, qu’un groupe d’industriels troyens, parmi les plus importants de la ville, décida la création de ce Musée Technique, et s’employa sans perdre de temps à rechercher dans les usines des mécaniques anciennes qui vinrent s’ajouter à celles que possédait déjà la Municipalité, et qui étaient conservées dans une étroite soupente de l’Ecole de Filles de la rue Boucherat.
Il y a des métiers « rectilignes », à bâtis de bois ou de fonte, mis en marche, les premiers à l’aide de pédales, les seconds par des volants. Ils servaient à la fabrication des bas, des gants, mitaines, cravates.
Puis il y a les métiers « circulaires », dont les diamètres sont les plus divers, depuis le petit métier qui servait autre fois à faire les bonnets de coton de nos ancêtres, jusqu’à des mastodontes qui peuvent atteindre 2 mètres, mis en marche par des manivelles et servant à la fabrication du jersey au mètre ». Le plus imposant, construit vers le milieu du XIX° siècle, par Gillet, ancêtre des frères Dégageux, fonctionne encore.
En même temps, les industriels bonnetiers réunirent de fort belles séries de bas de soie, de fil et de coton, dont les plus anciens spécimens remontent au règne de Louis XVI.
Une collection de bas incrustés ou ajourés au tissage, brodés, pailletés, perlés, imprimés et même peints à la main fut ainsi constituée et tout ce riche fonds fut solennellement remis à la Ville le 6 juillet 1948, lors de l’inauguration de la première salle, dans l’Hôtel de Vauluisant, où devait être aménagé peu de temps après le Musée historique de la Champagne.
Peu après l’inauguration, la salle devint trop exigüe pour les collections qui, grâce à l’activité des « Amis du Musée de la Bonneterie » s’enrichissaient constamment. Il fallut annexer un grand salon du 1er étage en 1953, puis en 1958, 3 petites salles au rez-de-chaussée.
Il y a un métier à bas datant de 1750, un des premiers métiers sur lesquels on ait travaillé à Troyes lorsque l’industrie de la maille y a été introduite. Il vient de l’Hôtel de Mauroy qui abritait au XVIII° siècle un orphelinat dont les jeunes pensionnaires apprenaient le travail de la bonneterie.
Il y a de curieuses machines inventées et construites vers 1840, par un mécanicien de génie, Delarothière, qui, en inventant le système permettant d’obtenir automatiquement la diminution, fit faire un pas de géant à la technique de la maille, assurant ainsi à Troyes la première place à la fois dans la fabrication des métiers et dans celle du tricot.
Enfin, des gravures anciennes (un magnifique tableau du XV° siècle d’un primitif allemand, représentant « la Sainte Famille », avec la Vierge occupée à tricoter une petite robe pour l’Enfant Jésus sur 4 aiguilles), des photographies récentes montrent d’une façon saisissante les conditions matérielles du travail autrefois et aujourd’hui.
Notre Musée de Bonneterie est très apprécié des nombreux touristes.
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