Métiers anciens




Blanchisseries


Sur le canal des Trévois se placèrent les blanchisseries de toile, de fil ou de lin, puis de coton et enfin, de bonneterie. Ces établissements, importants à toutes les époques où l’industrie florissait à Troyes, occupaient les 2 côtés du canal depuis Pétal, jusqu’aux remparts, en bordure des dérivations de la Seine, en aval du déversoir de Sancey-Saint-Julien, dans la zone des Hauts et Bas Trévois. 

En 1220, le moulin de la Moline « près des Charmes », est administré par un chanoine délégué, et sert au blanchiment des toiles, d’où son nom de « moulin aux toiles »

En 1372, les moulins de la Rave, sont dits aussi : « moulins aux draps ». Ils sont loués aux drapiers de Croncels, pour y fouler leurs marchandises.

En 1493, 5 roues tournent au moulin de Fouchy, dont une à fouler les draps.

Au XV° siècle, Troyes a un commerce d’exportation important. Les toiles de lin et de lin fin y sont fabriquées en grande quantité et les blanchisseries de Troyes ont une très grande réputation. On en signale « les fines blanchitures ». La fabrique des draps qui tient une grande place dans l’industrie, est soumise à un règlement de police. Les blanchisseries sont échelonnées sur le cours d’eau de Pétal ou des Trévois.

En 1512, le Conseil de ville se préoccupe de la police générale des métiers, en raison « des grandes buveries et mangeries » qui se font à la réception des maîtres. Il veut réprimer ces abus. Le Conseil propose aussi de fixer la largeur des toiles écrues et que le blanchissage ne s’en fasse « ni à moulin, ni à pilon », de manière que blanchies, la largeur de ces toiles soit égale à l’aune de Paris.

1649 à 1651, les moulins de Fouchy sont réédifiés en moulins à foulon pour le foulage des draps au lieu de moulins à papier.

En 1732, les fabriques des toiles de lin et de coton prennent le pas sur celles des draps. Cette manufacture occupait pour le filage, la fabrication et le blanchiment, 5.000 personnes.

En 1744,  les moulins de Fouchy démolis en 1707, comptent à nouveau 1 roue à foulon.

Au XVIII° siècle, principalement de 1723 à 1789, ce ne sont que conflits sur conflits, procès sur procès, entre la ville de Troyes et les Marchands flotteurs de bois. En effet, le flottage donnait atteinte à la réputation de nos blanchisseries, et les Provinces qui consomment le plus de nos Marchandises étant les Méridionaux de France et d’Italie, et la Suisse qui en est voisine, profiteraient sans difficulté de notre malheur. En effet, pour le blanchiment des toiles, il faut une quantité suffisante et une pureté de l’eau.  

Le blanchiment était fort long à obtenir. C’est dans les moulins à eau que l'on battait ou foulait les draps, ou la laine tissée, dans de l'argile smectique pour les assouplir et les dégraisser. La pureté de l’eau était nécessaire à l’exploitation de ces manufactures.

La mécanique des opérations de blanchiment ne consiste qu’en une alternative nécessaire de rosées, de lessives et surtout de dégorgement. Les Marchandises sont étendues pendant 4 à 5 jours sur l’herbe, après quoi on leur donne une lessive de simple cendre de bois, sans chaux, potasse, soude ni autres drogues corrosives. A la sortie de chaque lessive on les dégorge en les faisant battre par des maillets que des moulins font mouvoir dans des auges de bois, où elles sont arrosées continuellement par l’eau de la rivière que des pompes y font couler, et renouvellent à chaque instant, après quoi, on achève le dégorgement, en lâchant les toiles dans toute leur étendue dans le courant d’eau, pour les remettre sur le pré. Elles sont ensuite alternativement « égayées dans le courant de la rivière, lessivées avec des cendres naturelles, puis remises plusieurs fois à l’eau, enfin étendues sur les prés pour y recevoir la rosée, surtout dans les mois d’avril, mai et juin ».

Le parfait blanchissement demande plus ou moins de travail, suivant la différente qualité des marchandises et on emploie un an ou 13 mois pour celles qui ont plus de dureté. Les mois d’hiver ne peuvent servir à donner la perfection du blanc, ce temps ne s’emploie qu’à dépouiller les marchandises de leur premier écru, mais les premiers beaux jours de printemps et tout l’été donnent lieu aux blanchisseurs de les achever successivement pour les livrer aux marchands.

 « Cette façon de blanchir qui n’a lieu qu’à Troyes, à l’exclusion de tout autre endroit de l’Europe, est ce qui fait le mérite de notre blanc, en conservant aux marchandises toute leur qualité au lieu de celles blanchies ailleurs qui sont à moitié usées par les drogues lorsqu’elles sortent des blanchisseries ».

La pureté de l’eau et une quantité suffisante de celle-ci étaient deux conditions tout à fait nécessaires au travail effectué par les blanchisseurs.

 

 


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