Les cuirs sont des peaux de bêtes tannées et rasées. Ces cuirs sont le plus généralement des peaux de bovins qui, après corroyage, ont subi des finitions diverses, leur donnant des aspects et des qualités différents : cuir noir en suif et demi-suif, cuir noir demi-façon pour les harnais, cuir noir chair propre pour les traits, cuir hongre blanc et marbré, vache à couture blanche, cuir jaune et bruni pour les brides et guides, croupon à courroie. Des qualités plus fines servent à l’habillage des voitures à chevaux.
D’autres animaux fournissent également leur peau au bourrelier : buffle pour les longes et les licols, mouton qui devient basane pour les colliers ou mouton maroquiné bleu ou marron, lustré blanc ou rouge, verni lisse, verni noir grené pour garnir les voitures, chèvre qui teinté en bleu, vert ou marron, s’appellera maroquin dans les voitures, porc, sur les selles. Les peaux à poils sont également utilisées, mais en quantité moindre. Elles sont principalement destinées aux ornements : chevreuil en poil pour faux colliers, blaireau en poil pour grelottières, sanglier en poil pour avaloirs, thouzard à laine courte et housse à laine bleue (peau de mouton) pour garniture de colliers.
Le bourrelier reçoit son cuir par peau entière ou en demi bête (peau coupée dans le sens de la longueur, de la tête à la queue). Son principal outil, essentiel, est le couteau à pied, effilé à la pierre à huile, qui coupe tel un rasoir. Sa panoplie d’outillage comporte : le couteau à parer, le compas à rondelles, la serpette, la cornette à couper, de nombreux emporte-pièces : à pont, à boutonnière avec trou au milieu, fente, à 2 trous carrés, emporte pièces à festons, fers à cocarde, à dents rondes, à dents pointues, à petites arcades, octogone à dents ou uni, à pointes, griffes à frapper à 2 et 3 dents, demi-rondes, cintrées, ciseaux, alènes, griffes à molette, formoirs en buis, en os, en ivoire, en acier, lissette en os, couteau à sur tailler, gouge dite abat-carre, poinçons de sellier, marteau mailloche… Le bourrelier utilise du fil de chanvre.
Pour ne pas blesser le cheval, animal à peau fragile, les bords des différents éléments des harnais ne sont jamais laissés à vif. Ils sont adoucis par un chanfrein très léger. Toujours, pour ne pas blesser le cheval, les gros éléments du harnachement, collier et selle, sont doublés de coussins de toile bourrés de crin et de laine. Cette bourre, le bourrelier la reçoit en balles comprimées et la rend moelleuse et douce en la cardant.
Comme nombre d’artisans d’autrefois, le bourrelier, avant de posséder sa boutique, doit faire son « tour de France ». L’apprentissage commence fréquemment dans la boutique paternelle. Lorsqu’il est « dégrossi », l’apprenti va s’embaucher chez un artisan provisoirement dépourvu de main d’œuvre. Ces stages durent de quelques jours à quelques mois. Petit à petit, le novice prend de l’expérience, il devient capable d’exécuter des travaux plus soignés, et il va travailler « à la ville ». Après avoir ainsi circulé dans sa région, le compagnon part à l’aventure, il fait son « tour de France ». Muni d’un « carnet de compagnonnage » qu’il fait viser par ses employeurs successifs, il va de ville en ville. Son adresse et ses connaissances lui permettent alors d’exécuter un « chef d’œuvre » qui doit faire de lui un compagnon digne de tenir boutique.
Le bourrelier doit savoir travailler avec un égal bonheur le cuir, la peau, les tissus ainsi que le bois et le fer. Il doit également avoir des dons de décorateur.
Dans nos campagnes, la fonction principale de cet artisan est de s’occuper des harnachements, qu’il doit construire, réparer, entretenir. Il est fréquent que ses clients lui demandent bien d’autres travaux. Ainsi, il répare le cuir des soufflets de cheminée, les houseaux (guêtres en cuir), les cartouchières des chasseurs… Quelquefois, le forgeron l’appelle pour restaurer son soufflet de forge.
L’hiver, il tanne les peaux de renards, parfois les peaux de sangliers, il récupère également les poils des blaireaux, les crins de cheval et les bourres. Il confectionne ainsi des « époussetoirs » avec les « queues de poulains », des « émouchettes » avec les « queues de renards ».
Si les pièces d’habitation ont un sol soit de terre battue soit en dallage de pierre, seule la boutique possède un vrai plancher de chêne. Ce plancher est indispensable en bourrellerie. En effet, lorsqu’un outil tombe, que ce soit une alêne ou un couteau, il s’y pique ou rebondit sans se briser.
Au début du XVIII° siècle le système métrique devint obligatoire. Pourtant, le bourrelier, habitué à compter en pied, pouce et lignes, ne pouvait se faire à ce procédé, et il continua avec ses anciennes mesures.
PS. : vous trouverez tous les outils dans une vitrine de la Maison de l'Outil.
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