Un des métiers nés de la vigne et du vin florissait au Moyen Age, mais est aujourd’hui disparu : « Les Crieurs de Vin ».
La publicité pour les vins, dans l’ancienne France connaissait uniquement la forme orale, mais elle s’avérait efficace, parce que vivante, bruyante et souvent pittoresque. Elle était l’apanage d’un « Office public de crieurs de vin ».
Le crieur de vin a tiré son origine de l’initiative d’un tavernier soucieux d’attirer les clients. Bientôt imité par ses collègues, les crieurs se multiplièrent et s’assemblèrent en une confrérie puissante, véritable syndicat de publicité qui eut vite son monopole légal et devint l’ « Office des crieurs de vin », connu déjà sous Philippe 1er, roi des Francs.
Au commencement du XIII° siècle, le cri du vin était constitué en fief et Philippe-Auguste l’afferma pour 320 livres par an à la prévôté des marchands. Aussi, les crieurs étaient-ils tenus de payer à celle-ci un droit d’entrée et un denier chaque jour qu’ils criaient (hormis seulement le dimanche, où ils ne devaient rien).
Les statuts de crieurs de vin, les seuls ayant subsisté de toute la corporation des crieurs, furent rédigés par les intéressés eux-mêmes, qui les remirent au prévôt Etienne Boileau, lorsque celui-ci entreprit de codifier les coutumes régissant les métiers de Paris.
Au coin des carrefours troyens, on les voyait s’installer avec leurs coupes et leurs brocs, faisant déguster leur vin aux passants attroupés, en répétant : « Bon vin à 4 deniers, à 6, à 8, à 12, à 16, à 32 », ajoutant souvent des qualificatifs élogieux : « Vin bon, vin excellent, vin de prix », et annonçant la demeure du tavernier vendeur.
Ce dernier ne pouvait décliner leurs services et leur devait 4 deniers par jour. S’il fermait sa porte, le crieur avait le droit d’annoncer le vin au prix du roi et le marchand ne pouvait ensuite refuser de vendre à ces conditions.
Les crieurs étaient soumis à une stricte discipline : le quartier où ils exerçaient était rigoureusement délimité, ainsi que les jours de criée.
Une ordonnance du roi Jean le Bon, rendue en 1350, fixa à 40 le nombre des crieurs de vin et déclara qu’ils seraient désormais nommés par le prévôt des marchands et les échevins auxquels appartenait la police des poids et mesures, car c’était surtout comme mesureurs que les crieurs étaient investis d’un office.
Le crieur devait, chez le marchand de vin, avant l’heure fixée pour le « criage », tirer et déguster le vin avant de le crier.
Il arrivait parfois qu’un deuxième crieur se présentait à la taverne, il était éconduit et se retirait, mais il pouvait imposer ses services pour le lendemain.
On tenait, en effet, à ce que le tavernier n’eût pas de crieur attitré avec qui il eut put s’entendre pour tromper le public.
Cette ingérence des crieurs dans les affaires paraissait, à juste titre, particulièrement vexatoire aux taverniers. A plusieurs reprises, ils saisirent le roi de leurs doléances. Mais ce dernier, qui tirait bénéfice de l’office des crieurs, ne donnait aucune suite à leurs plaintes.
Ce ne fut qu’après 1415, date à laquelle furent groupés tous les crieurs en une corporation unique, que cette servitude devint plus supportable.
Une délibération municipale du 5 décembre 1806 est prise
à l'effet d'organiser le service des criées. Elle prévoit la création de 2 offices de crieurs de vin, mais l'arrêté du maire rendu le 7 janvier 1807, en exécution de cette délibération,
n'institue qu'un crieur : "Le sieur Cochez est nommé juré-crieur de vin.
Il faut attendre 1998 pour que le nom « Aux crieurs de vin » soit repris à Troyes, Place Jean-Jaurès, par Jean-Michel Wilmes et Franck Windel. Merci à eux pour faire revivre le passé !
C’était l’emplacement jusque vers 1950, de la pâtisserie-salon de thé la plus renommée de Troyes « Coquin ». Mon grand-père, grand chasseur (je tirais la ficelle du « miroir aux alouettes ») lui fournissait des centaines d’alouettes à l’automne pour ses succulents pâtés d’alouettes.
« Aux crieurs de vin » ont une impressionnante cave à vins de 500 références et font d’excellents repas : cuisine moderne, créative, avec des produits frais et de saison. Le « Guide Michelin » note : « briques nues, sol en béton ciré, mobilier bistrot... la déco est branchée et le concept aussi : on choisit sa bouteille dans la cave, avant de l'accompagner d'un bon petit plat centré sur le produit… Une adresse gourmande et conviviale ! ».
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