L’intérieur des églises du Moyen Age ne présentent pas l’aspect de simplicité lapidaire que, de nos jours, il offre d’ordinaire aux regards. Si les autels, surmontés de colonnes de cuivre, resplendissaient des reliquaires d’orfèvrerie précieuse, les colonnes et les voûtes sont le plus souvent, recouvertes de peintures polychromes, les sanctuaires sont tendus d’étoffes unies ou décorées de couleurs et de dessins variés.
L’art du tapissier et du brodeur est mis en œuvre pour leur donner plus d’éclat.
Du XII° au XIV° siècle, il y trace fréquemment des figures d’animaux, lions, léopards, cerfs, aigles, licornes et d’autres encore, semées symétriquement ou répétées à profusion. Telles sont les courtines à « images de lions », qui garnissent les murs, et les sujets de la basilique Saint-Urbain à la fin du XIII° siècle.
Non seulement on en tisse et on en brode pour tendre les parois des chœurs, mais pour former des parements d’autel ou de lutrin, des ornements sacerdotaux, et même des couvertures de livres. Dans ce cas, le travail est plus soigné, et la soie se mêle à l’or et à l’argent pour en augmenter la valeur. On peut admirer des spécimens de ces étoffes précieuses, au trésor de la cathédrale de Troyes, notamment dans un parement d’aube, trouvé dans le tombeau d’un évêque, où des léopards d’or ressortent sur un fond rouge, dans la couverture d’un évangéliaire du XII° siècle, où des aigles et des lions sont figurés sur un fond grisâtre.
Des églises de campagne même, conservent quelques fragments de ce tissu curieux, comme celle de Lentilles, où l’on a gardé un parement de pupitre, semé d’une multitude d’animaux de teinte gris vert, sur fond d’or.
Il y a alors, dans la localité même, des artisans qui sont aussi des artistes, et qui travaillent pour les gens d’église comme pour les grands seigneurs, et les riches bourgeois. Les Comtes de Champagne du XII° et du XIII° siècles, alliés à la Maison de France, tenaient une cour rivalisant avec celle de leur suzerain. Ainsi, on trouve au trésor de la cathédrale, 3 aumônières remarquables par le travail de tapisserie et dont l’une, est remarquable par de la broderie en soie de scènes historiques du règne de Louis VII, une autre s’inspire des sujets traités dans les cours d’amour du temps de Thibault IV le Chansonnier, avec des scènes allégoriques d’un caractère ingénieux. Dans l’une, 2 jeunes femmes se préparent à scier un cœur, tandis qu’un bras sortant d’un nuage va trancher d’un coup de hache l’instrument qui doit séparer le cœur en 2. Le dessin des femmes est exécuté en broderie de soie et d’or, avec des applications de velours.
Plus tard, des ateliers plus savants s’établissent à Troyes. On y tisse des tapisseries sur des modèles fournis par des peintres. C’est ainsi que Thibault Clément exécute de 1425 à 1428, pour l’église Sainte-Madeleine « cinq draps de haute lisse », d’après des patrons dessinés par Jacquet Le Peintre et Symon, enlumineur, sur papier et sur draps de lit assemblés par « une coustumière ».
Vers la fin du XV° siècle, le chapitre de Saint-Urbain commande à des peintres des esquilles de 22 « histoires » rappelant les légendes de saint Urbain et de sainte Cécile. Elles vont être exécutées sur cinq grands draps, et le chapitre donne aux artistes des instructions minutieuses pour les sujets qui doivent être traités.
Au XVIII° siècle, ce sont des tapisseries représentant d’autres sujets qui sont tendues dans la collégiale. Un beau pan de tapisserie de la Renaissance, où sont figurées les armes des familles troyennes Dorigny et Molé, sorti des ateliers de la ville, fait partie des collections du trésor de la cathédrale. Une très curieuse tapisserie sortie de l’un des ateliers troyens, représentant « l’Arrestation de saint Crépin et de saint Cyprien », semblant avoir été copiée sur le beau groupe de statuaire polychrome, orne une des chapelles de l’église de Saint-Pantaléon. Le groupe et la tenture (avec des damas précieux datant du règne de Louis XIV), ont été exécutés aux frais de la confrérie des cordonniers, dont elle décorait la chapelle à l’église des Cordeliers.
Le Musée d’archéologie a recueilli dans ses vitrines, à côté de nombreux spécimens de guipures et de dentelles des derniers siècles, des fragments d’étoffes précieuses, et de beaux travaux de broderie, tels que des orfrois de chape à personnages, dont l’un est daté de 1552.
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