Ne les oublions pas !



François-Joseph AUDIFFRED


François Joseph Audiffred
François Joseph Audiffred

Troyens et Aubois connaissent tous la Place Audiffred, beaucoup continuent à appeler " Orphelinat Audiffred " le magnifique hôtel, place de la Tour, devenu le Centre Municipal d’Action Sociale. Nous retrouvons beaucoup dans notre ville, le nom de ce philanthrope.

Mais, combien savent qui fut le généreux donateur, le mécène Troyen, François-Joseph Audiffred ?

Il naît à Troyes, le 26 janvier 1807, place de l’Étape au Vin (devenue place Audiffred).

Il passe toute son enfance Place de l’Etape au Vin et est un excellent élève au vieux collège Pithou où il remporte de brillants succès scolaires.

Reçu avocat à la Cour de Paris en 1828, il abandonne rapidement le barreau, pour se consacrer au négoce d’exportation, à partir de 1832.

Il parcourt la Méditerranée sur ses deux rives: Italie, Grèce, Algérie, Espagne, Russie, et y réalise une fortune.

En Égypte, sur le Nil, il rencontre le 26 janvier 1842, son Altesse le Pacha Mehemet-Ali avec lequel il aborde, en tant que membre de la Société Orientale de Paris, les problèmes internationaux du moment, économiques, agricoles, industriels, manufacturiers et commerçants et le devenir du peuple égyptien dont son interlocuteur voulait être le civilisateur et le bienfaiteur, s’efforçant d’en améliorer l’état physique, moral et intellectuel.

Il importe beaucoup de laine d’Australie pour alimenter nos industries textiles. Les commerçants de toute la France font appel à lui.

Les notables négociants de Paris l’estiment beaucoup et lui confèrent les fonctions de Juge au Tribunal de Commerce de la Seine.

En 1843, il est élu membre correspondant de la Société Académique de l’Aube.

Il n’oublie jamais sa ville natale, et envoie au Musée de notre ville de nombreuses oeuvres de peinture et de sculpture.

En 1849, candidat à l’Assemblée législative, il demande dans sa profession de foi : "… que la souveraineté nationale soit exercée au suffrage universel… le maintien du gouvernement républicain, définitivement et toujours… une répartition équitable de l’impôt… que le gouvernement républicain soit un gouvernement à bon marché. Point de cumul, point de sinécure… je demande la liberté des cultes, de l’enseignement, de l’association, de la presse… il faut combattre l’intimidation, la violence, le désordre… ne consentir à subir aucune tyrannie, de quelque part qu’elle vint… je m’engage à ne percevoir aucune indemnité quelconque, dans le cas où je serais élu… ". Il ne fut pas élu, et on peut le regretter, car sa sincérité ne peut être mise en cause.

Le 19 décembre 1888, avec son épouse Agathe-Geneviève-Justine Jouanique, il fait don à la Ville de Troyes d’un legs de 80.000 francs-or (prenant à sa charge tous les frais, droits et honoraires de cette donation), après le décès de son fils (décédé à l‘âge de 12 ans).

On lui doit le pavillon Audiffred, agrandissement du Musée Saint-Loup : " La Ville de Troyes réservera dans les bâtiments construits ou à construire, du Musée ou de la Bibliothèque, deux salles qui seront mises à la disposition de la Société Académique, l’une de ces salles devant servir pour les séances, l’autre, pour les commissions et travaux de ladite société, tant qu’elle existera ".

Le 22 juin 1890, lors de l’inauguration du pavillon affecté au Musée, il déclare : " L’habitude du travail et une grande chance m’ont procuré la fortune qui me faisait défaut. J’avais un fils, je l’ai perdu. Je voulais en faire un citoyen éclairé, laborieux, utile et bon. J’ai résolu, avec sa mère, de donner la dot qu’il aurait reçue de nous, à ma ville natale, que je n’ai jamais oubliée et que je me rappellerai tant que je vivrai ".

Nous lui devons aussi le kiosque du jardin du Rocher et de nombreux autres dons.

         La générosité de M. et Mme Audiffred est sans borne. Ils ont le souci de récompenser les vertus familiales, le dévouement à ses semblables, l’assiduité au travail, encourager, faciliter l’instruction, récompenser les jeunes gens studieux.

Ils consacrent aussi leur vie au bien des pauvres gens et en particulier, au confort et à l’éducation des enfants en difficulté.

Ils donnent un prix annuel de 10.000 francs à l’œuvre la plus propre " à faire aimer la morale et la vertu, et à faire repousser l’égoïsme et l’envie, ou à faire connaître et aimer la patrie ".

Après le décès de Joseph Audiffred (18 février 1892), son épouse fait un nouveau don de 300.000 francs à la ville de Troyes, et 150.000 aux Hospices Civils, pour construire un orphelinat place de la Tour (décision municipale de 1895) : l’Orphelinat Audiffred, devenu le Centre Municipal d‘Action Sociale. Elle prescrit dans le détail comment serait édifié le bâtiment, avec trois façades, indiquant jusqu’à l’épaisseur des parquets de chêne, et prévoit des moyens de chauffage suffisants pour en permettre la jouissance l’hiver. 100 orphelins y vivaient heureux, répartis en 4 grands dortoirs de 25 lits chacun, profitant d’un cadre verdoyant et de locaux très aérés et lumineux. Le jour de l’inauguration on pouvait entendre des phrases d’admiration : " C’est aussi bien que dans un collège pour les enfants de riches "…. Le Petit Républicain écrit le lendemain : " On souhaiterait presque devenir orphelin pour y filer des jours heureux." 

 

Le Conseil municipal de Troyes donne le nom d'Audiffred à la Place de l'Etape au Vin, le 5 juin 1893, et le 30 novembre 1908, celui de Jouanique, à la rue qui longe l'orphelinat Audiffred. 

 

L’attachement de ces riches mécènes Troyens à notre Ville, méritait bien que nous ne les oublions pas.

  

 

 


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