On ne badinait pas à Troyes en 1782. Aujourd’hui, combien de spectateurs arrivent encore en retard lors de représentations, et de plus, ce sont souvent ceux qui ont leur place au milieu d’un rang, et sont obligés de déranger de nombreuses personnes.
Je vous transcris le règlement « fait et arrêté, par François-Nicolas-Sourday, procureur du Roi, Lieutenant général de Police de la Ville, Faubourgs et Banlieue de Troyes », le 22 juin 1782 :
« Article 1er : Le Directeur et Régisseur de la Troupe feront lever le rideau tous les dimanches et fêtes, à 6 heures précises, à peine de 24 livres d’amende, qui seront prélevés sur les 1ers deniers de la recette, laquelle somme, ils retiendront sur les appointements de ceux des Acteurs ou Actrices qui ne se seront pas trouvés prêts à ladite heure, sans que, sous aucun prétexte, ils puissent se dispenser de la paye. Les jours de spectacle dans la semaine, le rideau sera levé à 5 heures ¼ précises, aux peines mentionnées ci-dessus envers les délinquants.
Article 2 : L’intervalle entre les 2 pièces ne pourra être plus long que de 20 à 25 minutes, sous peine d’amende pour le Directeur et aussi ceux des Acteurs ou Actrices qui donneront lieu au retard.
Article 3 : Tout Perruquier, Magasinier, Garçon de Théâtre, qui, par négligence, fera retarder le spectacle, paiera une somme de 6 livres et en cas de récidive, sera puni de prison.
Article 4 : Trois livres d’amende à tout acteur ou actrice qui arrivera en retard aux répétitions et assemblées prévues par le règlement.
Article 5 : Interdiction aux acteurs et services de faire entrer aucun étranger aux répétitions sans l’agrément du directeur.
Article 6 : Tout Acteur ou Actrice contre lesquels il y aura mécontentement du Directeur ou qui, réciproquement, auront des plaintes à former contre lui, seront tenus de comparaitre devant Nous, sans pouvoir prétexter cause de maladie, à moins qu’au rapport du Médecin ou du Chirurgien préposés par Nous, il ne soit attesté de la vérité du fait.
Article 7 : Aucun Acteur ou Actrice ne pourra se placer dans l’Orchestre pour voir le spectacle, il sera assigné par le Directeur une seconde Loge pour les Comédiens, dans laquelle ils observeront de se comporter avec décence et tranquillité, à peine de punitions.
Article 8 : Le Directeur sera tenu de Nous donner l’état des personnes qui entreront gratis au spectacle, lesquelles ne pourront être placées qu’aux secondes Loges.
Article 9 : Sera tenu le Directeur d’avoir garde suffisante tant qu’au Parterre qu’au Théâtre et aux loges, comme aussi de prendre les mesures nécessaires pour écarter la confusion aux sorties : en conséquence, de faire ouvrir la porte donnant sur la Rue, pour l’issue particulière du Parterre, et celle des Murailles, pour l’issue des secondes et troisièmes loges, sans que personne ne puisse exiger l’entrée par la porte des Murailles ».
Le règlement ci-dessus s’adressait surtout à la Direction et au personnel du Théâtre. Quant aux obligations des spectateurs, c’est dans des décisions de justice qu’on les trouve rappelées. Faisant suite à l’exposé des contraventions commises et des punitions infligées :
« En conséquence impérativement défense à toutes personnes de quelques qualités et conditions, domiciliées ou non domiciliées, qui assisteront au spectacle, à quelque endroit qu’elles y soient de garder leur chapeau sur la tête, troubler et interrompre le spectacle, causer pendant les scènes, faire des huées pendant tout le cours de la représentation, pousser ni insulter qui que ce soit, à peine d’être mis hors de la salle, même d’être puni de prison s’il y échet (s’il y a lieu), soit par la qualité des délinquants, soit par le genre de leur contravention.
Enjoignons aux Huissiers de Police et requérons les Cavaliers de la Maréchaussée, préposés pour le maintien de l’ordre et des règlements, d’imposer silence et de faire cesser le trouble aussitôt qu’ils s’en apercevront, et à défaut, pour les contrevenants d’obéir, d’en instruire les Commissaires de Police présents au Spectacle, pour ensuite exécuter ce qui leur sera pour eux prescrit, pour rétablir le bon ordre et suivant l’exigence des cas ».
Il y avait un affichage public des noms en grosses lettres, au-dessus d’une condamnation correctionnelle.
« La
Comédie » dont il s’agit, était le théâtre en bois, construit en 1777, à l’endroit du théâtre actuel (voir le chapitre « Le
Théâtre »).
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