C’est le 11 septembre 1914 que les uhlans, dont une patrouille s’est avancée jusqu’à une dizaine de kilomètres d’Arcis, et ont occupé Mailly et Poivres, sont repoussés vers Vitry-le-François. Le 8 septembre, le préfet de l’Aube télégraphie au ministère de l’Intérieur : « La petite ville d’Arcis est à peu près abandonnée. Les fonctionnaires et à leur tête le sous-préfet, dont je tiens à vous signaler l’intelligente et énergique attitude, sont restés à leur poste, mais leur présence n’a pu arrêter l’exode de la population ».
C’est alors la bataille de la Marne à moins de 100 km d’Arcis. De longs cortèges de réfugiés traversent la ville, voitures à chevaux lourdement chargées, animaux divers, familles harassées n’en pouvant plus et cherchant asile. La place du Château est un véritable camp hétéroclite de malheureux complètement perdus.
Arcis devient la première ville de repos et une plaque tournante pour le ravitaillement militaire, les réparations de véhicules et les premiers soins aux blessés.
Un camp d’aviation est alors installé sur la route de Châlons, au carrefour de la route d’Allibaudières. Des baraquements et des hangars d’avions sont implantés. En août 1915, un immense hangar pour le dirigeable « l’Alsace » est construit en un temps record de 15 jours. Cet énorme dirigeable était utilisé pour les bombardements de nuit sur les gares ardennaises dans les lignes allemandes. Mais, dans la nuit du 2 au 3 octobre, il est atteint par un obus allemand et détruit près de Ravel.
Plus loin, dans les sapins, est aménagé un camp de prisonniers allemands avec de nombreuses baraques. Il eut un triste sort, puisque le 14 juillet 1918, l’aviation allemande le confondant avec une base militaire française, le prend pour cible et le bombarde copieusement. 98 prisonniers allemands sont tués et inhumés sur place (une stèle est érigée, et restaurée par de jeunes allemands en 1971).
Un autre camp de prisonniers allemands est implanté dans l’Ile, dite de Cherlieu, devenue terrain de camping municipal.
L’école de garçons est transformée en hôpital, ainsi que le château et une partie de l’usine Gérard Fortier.
A l’arrivée des Américains, un grand hôpital de campagne voit le jour route de Nozay. Au moment de la grippe espagnole, il y eut de nombreux morts (128 tombes au carré militaire du cimetière).
Le marché couvert était transformé en atelier de réparation automobile pour l’armée et un grand parc de véhicules divers était installé en face du cimetière, à l’emplacement du collège de la Voie Chatelaine.
En août 1918, une grande fête est organisée par la troupe italienne appelée « Les Bersagliers », dans les prés Dorés, avec prise d’armes, défilé et messe en plein air.
Le 10 novembre 1918, vers 15 h 30, un aéroplane venant d’Etampes tombe en flammes sur la place d’Armes, près de la Halle. Le brouillard, assez dense, ne permet pas au pilote français, de remarquer un grand sapin du parc du château, et l’accident fut inévitable.
Le 11 novembre, la nouvelle de l’Armistice se répand vers les 13 heures, à l’heure de la rentrée des écoles et du personnel des usines. Soudainement, toute la population est dans la rue : on rit, on s’embrasse, c’est du délire. Il n’y a pas d’école, les usines et les entreprises ferment leurs portes et les cafés ouvrent les leurs. Les cloches de l’église sonnent à toute volée, actionnées par les enfants. Une musique improvisée se forme et parcourt les rues, donnant des aubades dans les hôpitaux. Un grand bal a lieu le soir, avec des militaires, ainsi qu’une retraite aux flambeaux.
21 ans plus tard, en 1939, le même tambour de ville parcourt à nouveau Arcis pour
annoncer, encore une fois, la mobilisation générale pour un nouveau conflit qui dura 6 ans…
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