1943 : Le troyen Pierre Mulsant, capitaine chef de l’I.S. dans notre département, vient d’être rappelé à Londres. Nombreux sont les Troyens qui écoutent en cachette Radio Londres. Un soir, dans la longue liste des messages personnels, la B.B.C. laisse tomber cette phrase anodine : " étoiles brilleront cette nuit ".
Ce ne sont que quelques initiés, principalement ceux du Maquis " M ", qui comprennent que c’est un parachutage qui doit avoir lieu dans la nuit.
Le soir même le capitaine Maurice Dupont (Yvan pour tous 04/06/1921-21/04/1989) est parachuté dans notre département. C’est un jeune officier parachutiste, né dans l’île Maurice, et l’un des premiers soldats à rallier les forces françaises libres.
En quelques mois il réussit à créer de toutes pièces les commandos " M ", comme Maurice. Il est l’instigateur des actes de sabotage et des coups de main qui donnèrent aux allemands tant de fil à retordre.
Mais mon camarade Clément Drioton et 46 autres membres des Commandos tombent dans la lutte pour la Libération ou trouvent la mort dans des camps d’extermination nazis.
Pendant ces dures années de luttes clandestines, une fraternelle et confiante amitié unit hommes et chef.
Démobilisé, le commandant Dupont décide d’aller au moyen Congo au lieu de l’Indochine où d'autres foyers de guerre attendent la France.
Lorsqu’il annonce qu’il va créer une grande exploitation agricole, 300 hommes sur les 600 que comprenait son bataillon, répondent spontanément "nous en sommes". Ils partent, pour prouver que des hommes décidés et courageux peuvent exploiter au mieux les richesses coloniales.
Fin juillet 1947, Yvan et ses gars des commandos " M", partent de Marseille pour créer en Afrique Equatoriale française une plantation de 2.000 hectares de maryland. Le commandant Yvan déclare à la presse " notre tâche sera rude, il va nous falloir défricher deux mille hectares de savane. C’est un travail de plusieurs mois. Nous le ferons nous mêmes, en utilisant la main-d’œuvre indigène le moins possible. Nous habiterons dans quatre roulottes dotées d’un confort européen : frigidaire, douches, électricité, ventilateurs… mes camarades menuisiers monteront les premiers baraquements…
Dès la fin du défrichage, nous commencerons par cultiver des arachides pour réaliser l’assolement des terrains. Si ces derniers s’y prêtent, nous espérons, dans deux ans, y planter du tabac qui peut s’y acclimater, des expériences entreprises par la régie l’ayant prouvé…Dès que nous aurons besoin de renforts, les hommes restés en France nous rejoindront, et dès que des logements convenables pourront être mis à leur disposition, nous ferons venir leurs familles… ".
Un matériel moderne considérable est nécessaire pour l’exploitation de cette concession. Il n’est réuni que péniblement, avec l’aide de quelques industriels troyens et la participation financière des futurs colons. Ce matériel se compose de quatre GMC, de surplus américains, de quatre roulottes, de deux tracteurs… soit 150 tonnes,
Après une traversée de 23 jours le " SS Hoggar " accoste à Pointe Noire, après avoir fait escale à Casablanca et Bingerville.
Le Ministère de la France d’Outremer assure Yvan de ses encouragement, mais refuse tout crédit.
La Direction des Affaires Economiques se montre plus compréhensive, et met 2.000 hectares de savane à sa disposition, à 250 Km de Brazzaville.
L'ancien combattant négocie un lopin de terre au chef local Tamba Simba Léonard. La petite colonie monte des projets agricoles et industriels (élevage de bœufs, poulaillers, scierie) et trace une petite piste d'atterrissage.
Le commandant Yvan, par nostalgie régionale, baptise sa nouvelle ville Aubeville. Cette localité est située à côté de Madingou.
Les Troyens conquièrent une brousse inviolée, et en dix mois défrichent 800 hectares. Aubeville devient une bourgade prospère, une sorte de village français en pleine vallée du Niari.
En février 1948, douze aubois et auboises quittent Troyes pour rejoindre Yvan à Aubeville.
Dans les années 1980, Gilbert Galafré, français ayant fait sa scolarité à Brazzaville, veut se faire céder une part du capital industriel du Commandant Dupont parce que ce dernier a " trop d'affaires ". Dupont veut lui céder sa scierie Socobois en gérance. Gilbert, ancien élève du Lycée Savorgnan de Brazza a eu pour collègue de classe Mambouana Tamba, fils du chef Léonard Tamba Simba. Ce dernier a quatre épouses, mais une est défigurée par un coup de fusil tiré par son mari. Or, c’est Gilbert qui lui avait vendu l’arme ! Il est jugé, mais il y a prescription, la vente datant de plus de 10 ans. Il écope quand même 4 mois ferme de prison " pour avoir posé ses pieds sur la table, lors de sa garde à vue " ! Ecœuré, après avoir purgé sa peine, il retourne en France.
En 1992 arrivent Lissouba et sa mouvance, qui squattent Aubeville et en font une base d'entraînement de sa milice, la fameuse réserve présidentielle.
D'un premier mariage, Yvan a eu 1 fille et 1 garçon. Il s'est marié ensuite avec Jeanine, la fille de Balthazard, ancien garagiste à Troyes, qui avait pour nom de résistance Mammouth, parti avec son épouse et sa fille, avec Yvan. Ils n'auront pas d'enfant. Sa troisième épouse, congolaise, lui donne 2 filles.
Par décision du 5 décembre 1989, le Conseil municipal donne le nom de Commandant Yvan à une rue de Troyes.
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