Le 27 janvier 1814, une dizaine de Cosaques pillards, qui, comme éclaireurs précédaient les armées coalisées, arrivèrent devant Piney, sans toutefois y entrer. Ils bivouaquent 2 jours sur le cimetière, se contentant de faire demander des vivres à l’habitant, qui leur en porte, et le 29, ils lèvent leur petit camp et disparaissent.
Le 1er février, après le rétablissement du pont de Lesmont, les premiers corps aux ordres du maréchal Ney arrivèrent à Piney, se dirigeant vers Troyes. Mais le rappel subit du maréchal à Brienne, par suite du retour de Blücher, des dispositions qu’il faisait pour une attaque générale, arrêta cette marche, et quelques voitures du parc avec quelques centaines d’hommes, demeurèrent à Piney jusqu’au lendemain.
Le même jour, l’armée française ayant achevé le passage du pont de Lesmont, qu’ensuite elle livra aux flammes, ainsi que celui de Brantigny, un peu en avant celui de Piney, y séjourna jusqu’au lendemain. L’empereur coucha cette nuit chez M. Collin, notaire, un des plus riches propriétaires de ce bourg. Une ordonnance, dépêchée du quartier-général de Troyes, raconte : « Le 2 février 1814, je fus chargé de porter une ordonnance du quartier général de Troyes, à l’empereur Napoléon, qui était à Piney, route de Brienne. A mon arrivée au quartier-général, je présentai mon ordonnance au général Marmont, en présence de l’Empereur, qui demanda d’où venait cette ordonnance. Je lui répondis qu’elle venait de Troyes. L’empereur se fit rendre compte de son contenu. Elle avait pour objet de demander s’il fallait faire marcher la garde-impériale sur Brienne. L’empereur répondit : Il est bien temps, c’était avant-hier qu’il fallait opérer ce mouvement… Je répondis : Sire, nous avons marché sur Arcis. L’empereur répliqua : Qu’avez-vous trouvé ? Personne sire. Napoléon dit alors au maréchal : Renvoyez l’ordonnance pour annoncer que demain matin, à 5 heures, je vais me reployer sur Troyes. Je descendis pour faire reposer mon cheval. Un instant après, un grand officier de la couronne m’apporta la réponse de l’empereur, et me dit : Où allez-vous la placer ? Dans ma sabredache (poche de sabre). Non me dit-il car il faut qu’elle soit soigneusement cachée, au cas que vous veniez à être arrêté par l’ennemi, le sort de l’armée en dépend. Je plaçai l’ordonnance dans la doublure de ma botte. Arrivé au moulin d’Ascentières, près de la Belle-Epine, je fus arrêté par plusieurs cosaques, et forcé de me rendre. Je fus conduit par eux au quartier-général russe, qui était à Vendeuvre. Interrogé sur l’objet de ma mission par des généraux, je leur répondis que j’étais chargé d’une ordonnance verbale à l’ordonnance que j’avais portée à l’empereur Napoléon. Ce général me dit : Vous mentez, vous devez l’avoir par écrit ! On me dit : Otez vos bottes, déshabillez-vous, et nous verrons. A mon grand étonnement, je vis que les recherches se firent d’abord dans mes bottes, d’où j’en conclus que j’avais été trahi, et qu’ainsi cela avait éclairé d’avance nos ennemis ». En effet, Napoléon était environné de traîtres, et il y en avait donc à Piney, parmi les hommes qui l’entouraient.
Le 3 au matin, l’armée continua sa marche sur Troyes, et bientôt l’ennemi se montra de tous côtés. A peine fut-il maître de ce bourg, tout fut livré au pillage et les habitants maltraités. Le célèbre prince royal de Wurtemberg fit charger dans ses voitures tout le linge dont il put s’emparer, ainsi que toute la batterie de cuisine de la maison de M. Colarey, qui était en cuivre rouge et fort considérable. De fortes réquisitions en argent et denrées de différentes espèces, particulièrement en pruneaux furent frappées par lui sur cette commune.
Le maire fut maltraité, cruellement battu, les brigands voulant le contraindre à leur procurer des bestiaux, dont sa commune en manquait absolument, les habitants les ayant cachés dans les bois.
Cinq personnes, filles et femmes, éprouvèrent les horreurs du viol. Que de cadavres, que de squelettes l’Aube et la Seine ont charriés dans leurs flots !
Heureusement, un russe français qui administrait ce village, eut des sentiments de justice et de véritable équité, sachant protéger, défendre les habitations et la vie des habitants de Piney. Ces derniers lui en furent reconnaissants !
Ainsi, tous les maux causés dans cette commune ne furent pas le fait des Russes, qui se sont conduits en troupes disciplinées. Les Prussiens, les Saxons, les Würtembourgeois, et en général, toute la confédération, sont seuls coupables des maux, des vexations qu’elle a soufferts.
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