Ce quartier fut au Moyen Age, le plus animé et le plus bruyant de Troyes.
De la rue du Mouton Blanc (quai Dampierre), à la rue de l’Orfèvrerie (rue Mignard), il n’existe alors que des ruelles étroites, peu praticables aux voitures.
La rue de la Ganterie (rue Molé) double la rue Champeaux, ancienne grande route très fréquentée par le commerce. Elle guide les charrois vers le centre de la ville, quand ils viennent de l’Etape au Vin (place Audiffred) et du Marché au Blé (place Jean Jaurès), ou quand ils arrivent de Bourgogne par la porte de Croncels et la rue du Dauphin (rue Rurenne).
L'existence de l'église Saint-Jean existe dès le milieu du VII° siècle. Un vitrail atteste que le 7 septembre 878, le pape Jean VIII, lors du concile de Troyes, y couronne à nouveau empereur et roi d'Acquitaine, notre roi Louis II le Bègue. Ravagée par les Normands en 888, elle est reconstruite sur ses ruines.
Le 23 juillet 1188, la ville de troyes est en grande partie détruite par un violent incendie,dont une partie de l'église St Jean.
Dans ce quartier, les espaces vides sont nombreux jusqu’au XIV° siècle, car c’est là le Marché de Troyes, et le siège des foires qui donnèrent à notre ville une grande célébrité.
Le long de Saint-Jean, une bande de terrain assez large séparait l’église de la rue Molé. Deux fois par an, aux foires de la Saint-Jean (24 juin) et de la Saint-Remi (1er octobre), ces places se couvraient d’étals et de logettes, et les marchands venaient y débiter de la mercerie, de la ganterie et de l’orfèvrerie. Ils construisaient chaque fois leurs boutiques, et à leur départ, ils les abattaient jusqu’à la foire suivante.
Alors, les places avaient le sort habituel des terrains vagues, car " les gens y faisaient leurs villenies ", comme nous le dit un vieux texte d’époque (La rue Paillot de Montabert est toujours appelée par les vieux troyens, la rue aux putes).
Cependant, peu à peu, certains propriétaires prennent l’habitude de laisser les logettes sur place, puis ils remplacent les planches par des matériaux plus solides, creusent des caves, édifient un étage en saillie sur la rue, si bien qu’avant 1350, l’église est séparée de la rue de la Ganterie par une file de véritables maisons, qu’on ne pouvait plus démonter deux fois par an. Il faut convenir que ces logettes sont bien gênantes pour l’église. Leurs habitants dégradent les murs, y appuient leurs bâtiment, au mépris de tout droit, compromettent la solidité des fondations par l’établissement de caves et de fosses d’aisance, par l’écoulement des eaux. Leurs cheminées risquent d’incendier les combles. Les fenêtres basses de l’église sont obscurcies par les toits qui se dressent à peu de distance. Enfin, certains locataires exercent des métiers dangereux ou bruyants, tels que ceux de chaudronnier. L’occupant s’engage alors par bail à s’abstenir de taper sur ses chaudrons les samedi et veilles de fêtes, pour ne pas troubler les confessions.
L’église actuelle date du XIII° siècle. Le 2 juin 1420, y est béni le triste mariage de Catherine de France avec Henri d’Angleterre. Ce mariage scelle le honteux Traité de Troyes qui déshérite le Dauphin et livre la France aux Anglais. Henri V laisse à l’église la couronne qu’il porte et son manteau de brocard semé d’aigles et de fleurs d’or.
Mais au soir du 24 mai 1524, un incendie d’une violence extraordinaire (3.000 maisons détruites) se déclare dans la maison d’angle de la rue de l’Epicerie et de la rue du Temple. Impossible à maîtriser, il dévaste ce quartier, le plus riche de la ville. Les maisons de la rue Moyenne s’embrasent en face de l’église, et l’étroite rue du Poids-du-Roi devient une fournaise, le clocher prend feu et s’effondre, écrasant les maisonnettes. Le bronze de 5 de ses 6 cloches en fusion s’écoule dans les caniveaux. Quand l’incendie s’apaise, le matin du 26 mai, la rue de l’Orfèvrerie disparaît entre les monceaux de décombres des maisons brûlées, au-dessus desquelles se dressent les pans de murs calcinés du clocher et les ruines fumantes des trois premières travées de la nef.
Les ruines déblayées, tout le monde se met à reconstruire avec ardeur.
Au XVII° siècle, on trouve encore toute une variété de métiers et d’artisans, dans logettes et échoppes agglutinées le long de l’église, qui est entourée de lieux aux noms éloquents : place du Marché au Blé, du Marché au Fer, du Marché aux Herbes, du Marché au Lin, du Marché aux Bétails, du Marché aux Oiseaux… Un peu plus loin, se regroupent les principales maisons de l’industrie d’images, de cartes à jouer, de tarot, de tanneurs, des chamoiseurs, mégissiers, parcheminiers, drapiers, et bien entendu, dans la voisine rue Notre-Dame, les nombreux rôtisseurs et pâtissiers... Dans la proche rue Paillot de Montabert se trouvent les orfèvres, avec la célèbre tourelle de l’Orfèvre qui constitue un témoin vivant, de cette activité prospère.
Dans ce quartier, où vie religieuse et vie commerçante se côtoient, toutes les classes sociales, se rencontrent. Joueurs de quilles et de bâtonnets, joueurs de cartes et de dés y jouent malgré les interdictions et répressions ecclésiastiques qui les condamnent dès que s’y mêlent l’argent et les parieurs.
Le 17 avril 1620, sainte Marguerite Bourgeoys qui a fondé Montréal avec Chomedey de Maisonneuve, se fait baptiser à Saint-Jean.
Le 9 septembre 1789, est enterré dans cette église le maire de Troyes Claude Huez, victime de passions insensées et dont la mort fut regardée comme l’un des premiers crimes de la Révolution Française.
Saint-Jean possède de belles verrières du XVI° siècle, et un magnifique ensemble d’œuvres d’art, tableaux, bronzes, ainsi qu’une statuaire remarquable, connue du monde entier. Entre autres, Le Père Éternel, regardant avec complaisance le baptême de son Fils,
tableau de Pierre Mignard, qu’en 1815, l’Empereur d’Autriche offre d’acheter en payant la valeur des pièces d’or recouvrant sa surface, soit un million et demi ! A admirer également des oeuvres du sculpteur François Girardon, et un curieux minaret d’horloge.
En 1911, le beffroi s’effondre en pleine nuit, avec un grand bruit.
Fermée au culte depuis 1999, l’église a subi plusieurs restaurations.
En 2009, immense succès pour l’exposition " Le beau XVI° ", de sculptures de " l’Ecole Troyenne " qui a eu le label " Exposition d’intérêt national " décerné par le ministère de la Culture et de la Communication.
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