Places, Quartiers...



Les Trévois


L’histoire ancienne des Trévois est sans cesse mêlée à celle de Croncels qui vécut toujours comme un bourg un peu à part par rapport à Troyes, à celle aussi du quartier appelé « Les Chartreux ».

 

Jusqu'au XVI° siècle, la vie du quartier des Trévois est étroitement conditionnée par la rivière Seine qui l'irrigue largement.

 

Le quartier sera jusqu'au XIX° siècle, le poumon économique de Troyes, puisque la plupart des moulins troyens s'y trouvent installés. Il existe en effet dès le Moyen Age, 10 chutes d'eau sur lesquelles ont été établis des moulins à l'amont de la cité :

 

- Moulins de Pré l'Evêque (La Pielle), de la Rave, de la Moline et de Sancey (Saint-Julien sur le bras principal du Vouldy),

 

- Moulins Notre-Dame et Le Roy (la papeterie) sur le bras de Notre-Dame,

 

- Moulins de Croncels, de Paresse près des Ets Poron et de Pétal sur le bras des Trévois.

 

Etant donné que l'eau constituait alors l'essentiel de la force motrice à cette époque, on voit quel rôle pouvait avoir ce quartier sur le plan de l'économie

 

Au XIII° siècle, en 1290, les Trévois dépendent de la seigneurie du Temple et comprennent 10 feux (environ de 30 à 50 personnes). Par la suite, ils seront rattachés à la mairie Royale de Croncels, alors que la partie située au delà du bras du Vouldy, ainsi que la Moline, dépendront toujours de la Mairie Royale de Chaillouet.

 

Le quartier, du Moyen Age jusqu'en 1938, dépendra de la paroisse Saint-Jean de Troyes.

 

Au moment de la Révolution, alors que Croncels possède sa propre municipalité, les Trévois lui sont à nouveau rattachés, le bras du Vouldy formant la limite en devenant d'ailleurs à partir de cette époque une frontière cantonale. Cette population de jardiniers, de vignerons, d'ouvriers des moulins, augmentera progressivement au cours du Moyen Age.  Peu avant 1590, on y dénombre 52 feux (environ 250 habitants). Puis, après le XVI° siècle, les activités tendent à se multiplier, d'autant que les moulins diversifient de plus en plus leur travail. On y bat la poudre, on y foule le drap, les papeteries s'y sont installées, évidemment on y moud du grain.

 

Le finage agricole s'organise dans la physionomie qu'il devait garder jusqu'au milieu du XIX° siècle. Entre l'actuelle rue Charles Dutreix, la chaussée des Blanchisseurs, zone des moulins, et le bras du Vouldy sont les prairies qui au XIX° siècle seront transformées en jardins, ou en prés à blanchir. Toute la zone comprise entre le chemin de Beauregard et la voie royale de Croncels est recouverte de vignes. De même les vignes occupent tout le triangle à l'intérieur des rues actuelles rues Janette, des Hauts Trévois et Emile Clévy. Presque tout le territoire situé contre cette dernière rue et la rue Charles Dutreix est composé de jardins ainsi que la zone située à peu près entre l'actuel boulevard Jules Guesde et la rue Beauregard.

 

Le creusement du canal au XIX° siècle vint totalement changer la physionomie et les habitudes du quartier, faisant une trouée qui ouvrit la circulation avec le secteur des Tanneries. Le canal, comblé à la veille de la dernière guerre, constitue maintenant une fort belle Avenue formant l'épine dorsale des Trévois.

 

Aux XVIII° et XIX° siècles, le quartier subit une nouvelle transformation économique. Les tissages d'abord, la bonneterie ensuite s'installent dans les moulins. Les papeteries se sont développées, les teintureries s'installent. Jusqu'à la guerre 1914-1918, les grands hangars des teinturiers bordent le bras des Trévois. La blanchisserie sur le pré avait été remplacée progressivement par la blanchisserie sous hangars.

 

Le XX° siècle vit s'organiser le quartier dans la partie des Hauts Trévois située de chaque côté du canal.

 

La première école des Trévois (celle du Pont Rouge) est ouverte le 3 octobre 1887. C’était l’origine de l’école Jean Macé.

 

En janvier 1900 est fondé le patronage laïc Jean Macé, qui remplace l’association Amicale des Anciens Elèves des Trévois, créée en 1899. On y pratiquait différents sports : tir, escrime, football et gymnastique. Pendant le seconde guerre mondiale, l’école Jean Macé fut occupée.

 

Peu avant la guerre de 1914, un patronage catholique commence à fonctionner de l’autre côté du canal. Ce sera la Jeune Garde des Trévois, fondée par le Chanoine Mancy vicaire de Saint-Jean. Les activités : musique, gymnastique, théâtre, garderie de vacances, colonie, cercle d’études et club de cinéma scolaire. La Jeune Garde des Trévois était un groupement puissant dont on appréciait la présence dans tout le département. Pendant la guerre 1939-1945, les locaux deviennent le Foyer Français du Soldat. Dès 1945, la Jeune Garde retrouve ses activités avec en plus une section de basket, un foyer de jeunes avec ateliers, 2 sections de hand-ball et tennis de table, la section gymnastique « Les Hirondelles des Trévois ».

 

La chapelle provisoire sera remplacée par l’église inaugurée le 23 juin 1934.

 

Des hommes comme M. Ganne directeur de Jean Macé et le Chanoine Mancy, curé des Trévois, ont contribué à donner une solidité et une âme à ce quartier. En effet, l’école et l’église, les 2 patronages ont cimenté une unité qui se cherchait.

 

La population des Trévois eut toujours beaucoup de caractère. Dès l'Ancien Régime elle se faisait représenter par un syndic au sein des Assemblées communales. En 1795, dès la fin de la Terreur, ce sont les citoyens des Trévois qui demandent les premiers à Troyes, la réouverture de Notre-Dame de l'Echerelle d'abord, de Saint-Jean ensuite. Il fallait un certain courage pour le faire. A la Libération en 1944, la population participa activement à un dur combat avec des S.S. retranchés dans l’école Jean Macé.

 

Ce rapide survol montre que l'histoire du quartier des Trévois est riche et couvre 12 siècles d'histoire troyenne.

 

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