Le vaste espace, qui comprend aujourd’hui la Place de la Préfecture et le jardin du Préau, avec la partie septentrionale du bassin du canal, est recouvert, avant 1793, d’édifices religieux et civils, qui attestent la piété des habitants et la grandeur féodale de la ville au temps du moyen-âge.
C’étaient les églises accolées de Notre-Dame et de Saint-Jacques-aux-Nonnains, le palais des comtes de Champagne (qui était le centre de leur domination, le chef-lieu de leur justice) et la collégiale Saint-Etienne, qui y était annexée. Au sud du palais des comtes s’étendait le préau aux Duels, et, au sud de la collégiale, le préau Saint-Etienne, sorte de quinconce planté d’arbres.
La réunion de ces préaux et cet emplacement formèrent la place la plus vaste de la ville.
Les Comtes de Champagne, ces souverains, sur la tête desquels se réunirent les Couronnes de Navarre et d’Angleterre, y tenaient une cour splendide, entourés de leurs grands vassaux.
Après leur mort, ils y reposaient dans des tombeaux magnifiques : le comte Henri 1er, mort le 16 mars 1181, et son second fils Thibaut III, mort le 24 mai 1201.
Le gisant du comte Henri est détruit par les Huguenots le 24 juin 1562.
Les ornements d’argent de ce tombeau sont volés en 1583.
Les deux tombeaux transportés à la cathédrale le 24 février 1792, sont détruits en 1793. Les ossements sont inhumés dans la chapelle de la Vierge, au chevet de l’église.
C’est sur cette place que se tenaient les assises des Grands Jours, avec un pouvoir égal à celui du Parlement de Paris, jusqu’à leur abolition sous Henri III.
L’Hôtel-Dieu-le-Comte étendait sa juridiction sur cette Place, territoire considéré au XIII° siècle comme un lieu d’immunité et de franchise.
A côté, un terrain (que l’on situe bien sur le plan de 1747) était appelé le Préau aux Duels, où les Comtes de Champagne ouvraient la lice aux champions des combats judiciaires.
En 1641, Louis XIII fait don du terrain à l’abbaye de Notre-dame-aux-Nonnains.
Cette place s’appelle en 1793 place de la Concorde.
Agrandie après la démolition de l’église Saint-Etienne en 1796, le nom devient Place du Préau, qui est alors la plus grande place de Troyes.
Elle est choisie pour l’érection d’une colonne prescrite par les consuls, à la suite du coup d’état du 18 brumaire an VIII (9 novembre1799), en l’honneur des braves, morts pour la patrie et la liberté, puisque sur la proposition du ministre de l’Intérieur Lucien Bonaparte, cette colonne devait être élevée sur la plus grande place de chaque chef-lieu. Le Préfet posa la 1ère pierre dans laquelle il y déposa une boîte en plomb contenant : 1 médaille en cuivre à l’effigie de Bonaparte, plusieurs pièces d’argent et de cuivre de type républicain, et 1 tube de verre hermétiquement fermé, contenant le procès-verbal de cette opération. La colonne ne vit jamais le jour !
Le palais des Comtes est démoli en 1806.
Sous le règne de Napoléon 1er, la place porte, à partir du 13 germinal an XIII (3 avril 1805), jour de son passage à Troyes, le nom de Place de Napoléon.
Le bassin actuel de la Préfecture est creusé de 1841 à 1846.
La place du Préau devient alors un dépôt pour les bois de charpentes et autres, qui sont transportés sur le canal. Cela dure jusqu’en 1860 où l’annexe des bâtiments de l’exposition y sont construits. Un jardin en occupe le centre, et c’est l’origine du jardin actuel.
En 1846, c’est à nouveau la Place du Préau, avec une fontaine que vous pouvez voir ci-dessous, sur une ancienne gravure, mais qui n’a existé que quelques années.
Rappelons un fait récent, que j’ai vécu avec les anciens Troyens.
Le vendredi 14 juin 1940, Troyes est bombardée.
Le feu ravage l’Avenue du 1er Mai, des maisons de la rue Kléber et du Boulevard Henri Barbusse sont détruites.
Le lendemain samedi 15 juin, les fossoyeurs eux aussi ayant évacué, il y a 40 morts à Audiffred (où le docteur Pâris opère sans discontinuer). Ce sont des malades décédés depuis plusieurs jours, des soldats, des évacués, des victimes des bombardements d’Arcis-sur-Aube et de Pont-Sainte-Marie. C’est un dangereux foyer de pestilence !
C’est alors que l’on voit le directeur des Hospices, Jean Schiffer, un protestant, avec le peu de personnel qui lui reste, quelques religieuses, Monseigneur Lefèvre évêque et le curé Benoît de Saint-Nizier, enterrer les morts dans les tranchées creusées par les Anglais, Place du Préau, Monseigneur Roserot de Melin récitant les prières des morts.
Quelques croix de bois sont dressées, les unes avec un nom, les autres avec la mention " inconnu ".
Ces tombes ne seront relevées qu’en 1946.
Aujourd’hui, la place restaurée est un véritable square.
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