Au XVI° siècle, un horloger italien, Bolori, part de la tour de notre cathédrale et va s’abîmer dans les prés de Fouchy avec l’appareil volant qu’il a inventé.
Dans le « Journal de Troyes et de la Champagne méridionale », nous lisons que le 23 mars 1784, 2 montgolfières s’envolent d’un jardin voisin de la cathédrale, devant une grande affluence de Troyens. La 1ère s’abat sur les murailles près du moulin de la Tour, la seconde tombe à Argentolle. Le 2 avril, un autre ballon est lancé dans la cour de la cathédrale, et va tomber dans le parc du Château des Cours. Le 4 avril, une affluence de spectateurs paie 12 sols pour assister au départ de 3 petits aérostats construits en papier. Le plus petit prend feu et tombe à ¼ de lieue, dans une cour, près d’un tas de paille, auquel il aurait pu mettre le feu. Une autre échoue sur un arbre dont elle brûle le sommet. D’où la crainte de risques d’incendie pour nos maisons en bois, qui fait prendre à la municipalité un arrêté défendant « à toutes personnes de quelque qualité et quelque condition qu’elles fussent, de lancer dans cette ville aucuns ballons portant des matières enflammées…». Le 15 août 1850, le journal troyen « La réforme Sociale », nous apprend qu’un savant local, le 1er en France, a pris un brevet : la locomotive aérostatique Petin, pouvant servir au transport de 500 hommes avec des vitesses de 10 à 50 km heure, longue de 150 m sur 27 et 30 m de hauteur, avec de larges ailes se repliant sur elles-mêmes, se dirigeant dans l’air en se servant des effets de la pesanteur. Il pensait que le résultat de son invention, pourrait être l’impossibilité pour les hommes de se faire la guerre, les flottes aériennes passant au-dessus des murailles et des armées terrestres ! Il ouvre une souscription, pensant que son engin ne coûtera pas plus de 100.000 francs.
En 1901, est créé le Club aéronautique de l’Aube, le plus vieux club de navigation française. Sa vocation première était de faire voler des aérostats. En 10 ans, les 2 ballons de l’association ont transporté 133 personnes lors de 48 vols. En juin 1909, meeting à Bar-sur-Aube. Les 7, 8 et 9 août 1910, Troyes a le privilège de recevoir la 1ère étape de la première course d’aéroplanes du monde, le Circuit de l’Est d’aviation. C’est en très grand nombre que les Troyens se rendirent au Moulinet, qui à pied, qui à bicyclette, qui en carriole, les plus fortunés en calèche ou voiture automobile. La compagnie des Tramways organisa un service spécial pour desservir l’aérodrome de Pont-Hubert, chaque heure, 1.000 voyageurs étaient conduits au Moulinet.
En avril 1911, création de l’aérodrome de Saint-Lyé, et d’un grand meeting aérien en septembre que décrit « Le Petit Troyen » : «…la population vient en masse assister à l’attraction proposée, des files ininterrompues de piétons se dirigeant vers l’aérodrome, telles les tentacules d’une gigantesque pieuvre… 50.000 spectateurs non payants ont aperçu les aéroplanes de chez eux, des abords du terrain ou de Montgueux…».
En 1912, une troyenne de 18 ans, Suzanne Bernard, la plus jeune aviatrice française, meurt aux commandes de son appareil. Après des obsèques nationales dans notre église Saint-Jean, elle est enterrée au cimetière de Troyes, avec un avion sculpté et sa photo sur la tombe. L’aviation était à son époque héroïque, et notre compatriote était sollicitée par une firme pour aller en Amérique donner des exhibitions.
En 1912, des divergences de vues se manifestent entre quelques membres de l'Aéro-club de l'Aube. Les dissidents fondent un nouveau groupe qui prend le nom de « Société troyenne d'aérostation » (S.T.A.), et dont le but est aussi les ascensions en ballon libre. Cette société réalise entre 1912 et 1936, 33 ascensions, principalement au moyen de son ballon « Quand même » et aussi d'autres baptisés selon les circonstances : « La Champagne », « Ville de Troyes », « Pax », « Tribune de l'Aube »...
En 1913, par décret ministériel, un avion de guerre est baptisé « L’Aube » à titre commémoratif et de reconnaissance.
En juin 1914, Blériot teste un parachute sur le terrain de Pont-Hubert, mais le modèle n’étant pas encore totalement au point, il tombe lourdement.
La période suivant la démobilisation de 1918 se passe dans l'expectative. En 1920, quelques anciens entreprennent de faire revivre le C.A.A. Ils sont seulement 5, dont Léon Darsonval. De leurs efforts conjugués et grâce à quelques amis, résulte le renaissance du ballon « L'Aube » qui, le 15 juin 1924, accomplit sa 74° ascension. La même année, le 6 juillet, le brave aérostat donne le baptême de l'air (mais en ballon) au pilote d'avion militaire M. Bouscatié. Hélas, la cherté du gaz, les frais en retour des expéditions de ballons de plus en plus onéreux, restreignent les possibilités d'envols.
L'avion a fait son entrée au club entre temps. En 1923, après le succès rencontré après le meeting d'aviation de Sainte-Maure, qui avait attiré 25.000 spectateurs, le club a acheté un avion Henriot de tourisme et a, avec l'autorisation du Ministère de l'Air, transféré son entraînement sur le terrain militaire de Romilly-sur-Seine, où en 5 mois, sont donnés 119 baptêmes et dispensées 29 heures d'école de pilotage. Les anciens de l'aéronautique militaire sont nombreux à s'inscrire au « Club Aéronautique de l'Aube » et, tout en y apportant une efficace impulsion, vont y provoquer une nouvelle orientation, celle de l'aviation. Afin de sceller ce mariage du ballon et de l'avion, un banquet fraternel réunit aéronautes et aviateurs au Club Aéronautique de l'Aube, le 21 mai 1925.
Le 16 mai 1929, ce club se transforme en « Aéroclub de l'Aube », avec M. Camille Marot comme président, M. Roblot étant vice-président. L'Aéroclub crée l'aérodrome de Barberey le 9 juillet 1933, et instaure en 1936, la section d'aviation populaire qui assurera ultérieurement, la formation d'une centaine de pilotes, tant pour l'armée que pour l'aviation légère civile. L'industriel Troyen Camille Marot est passionné d’aviation, avec des milliers d’heures de vol en France, Belgique, Suisse, Hollande, Tchécoslovaquie, Luxembourg, Danemark, Norvège, Suède, Finlande, Lituanie, Estonie, Lettonie Dantzig,
Pologne, Espagne, Angleterre, Autriche, Allemagne, Algérie, Maroc. En février 1931, il réussit le tour de force, avec l’Aéro-club de l’Aube, d’inviter à Troyes Dieudonné Costes, lequel vient de réaliser un formidable exploit, vainqueur de l’Atlantique Nord, avec Maurice Bellonte. Les rues sont noires de monde pour l’accueillir, le maire le reçoit au Cirque Municipal, il baptise « Nenette », l’avion de Camille Marot, futur Président de l’Aéroclub. Cette journée sans précédent, permet de concrétiser le projet de création d’un aérodrome à Troyes, avec l’appui du Conseil général, de la Chambre syndicale de la Bonneterie, du Syndicat d’initiative, de la Chambre de Commerce et de l’Association des petits commerçants. Il est inauguré pour la navigation aérienne en 1933, avec la présence de la célèbre pilote Maryse Hilz, héroïne du Paris- Saïgon.
La déclaration de guerre de 1939, disloque les 2 associations concurrentes.
Le 25 juin 1952, au Stade de l’Aube, lors du Festival de musique, est lancé le dernier envol de ballon du département, C’était une attraction publicitaire pour le compte des « Coopérateurs de Champagne », avec une banderole où figurait, à titre d’hommage au pilote disparu, le nom de Léon Darsonval.
Dès la libération de Troyes en 1944, c’est la reprise des activités de l’Aéro-club de l’Aube. M. Roblot succède à M. Marot. Le nouveau président est nommé administrateur de la « Société Aéronautique de France », à Paris, poste qui lui permet, en 1947, la création d’un centre inter-club d’aviation, groupant les aéro-clubs de Troyes, Romilly, Chatillon, Sens et Saint-Dizier. Puis, c’est le vol à voile qui constitue une nouvelle section. 30 planeurs sont mis par l’Etat à la disposition du club, ainsi qu’un chef de Centre et 2 moniteurs. Quelques records de vol à voile à l’A.C.A. : le Commandant d’aviation René Fonteille bat, le 13 juin 1955, le record de la plus grande distance aller et retour, soit 440 km sans escale, en se rendant de Troyes à Blois, pour terminer son exploit à Barberey. Le même officier bat, le 15 mai 1956, le record de la plus grande distance à but fixé, grâce à son vol Troyes à Dax, soit 670 km, dépassant ainsi celui détenu par l’URSS avec 636 km.
A côté du vol à voile, s’est constituée une escadrille composée d’anciens pilotes militaires en vue de la surveillance du territoire. Ont également vu le jour à Troyes, vers 1950, l'A.L.AT (aviation légère de l'Armée de l'Air) qui s'inscrit au sein de l'A.C.A. comme formation prémilitaire, et un club de préparation au parachutisme.
Depuis 2007, suite au désengagement de l’Etat, l’aéroport est géré par un syndicat mixte. Cette structure regroupe le Conseil général, le Grand Troyes et la Chambre de Commerce et de l’Industrie. Moyennant une subvention annuelle, d’environ 200.000 €, l’exploitation de l’aéroport est concédée à un délégataire privé.
Depuis le 1er janvier 2013, et pour une durée de 8 ans, il s’agit de la Sté SNC Lavalin, qui emploie 7 salariés sur l’aéroport.
EDEIS a repris le 30 décembre 2016, toutes les activités du Groupe SNC Lavalin SAS France et Monaco.
Robert Poisson, qui "épluche" régulièrement les chapitres de mon site, me signale un communiqué de 2008 qu'il fit à la Société Académique : " Le 29 septembre 1912, était inauguré à Rigny-la-Nonneuse, un monument commémoratif en mémoire de M. Grailly, lieutenant au 8° Cuirassier, mort d'un terrible accident d'aéroplane". (Photos ci-dessous)
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