Depuis longtemps, le cyclisme sur piste est mort à Troyes, tué par les épreuves sur route, classiques ou critériums.
Depuis 80 nous n’avons plus d’anneau de ciment ou de bois. Le dernier projet d’une nouvelle piste remonte au lendemain de la Libération, qui prévoyait la construction d’un stade-vélodrome sur un terrain du quartier Blanqui, cédé depuis à l’office d’H.L.M.
Des projets et des promesses furent faites par des personnages plus ou moins officiels dans l’euphorie des fins de banquets de nos 2 clubs cyclistes, l’U.V.A. et l’U.V.C.A. Mais tout ceci resta lettre morte. Pour les « purs », le cyclisme sur piste, « c’était tout de même autre chose » !
Troyes a eu 2 pistes à sa disposition et c’est cette époque s’étalant sur une dizaine d’années entre la fin de la guerre 14-18 et 1929, au cours de laquelle le gratin du cyclisme sur piste vint se frotter aux coureurs régionaux qui, les frères Marcel et Jean Bidot en tête, tinrent souvent la dragée haute aux vedettes internationales.
Le vieux ciment de Croncels n’était pas d’un dessin orthodoxe avec ses 4 virages différemment relevés et les « Parisiens » n’y affrontaient jamais sans crainte les locaux qui s’y entrainaient régulièrement et en connaissaient les moindres particularités sur le bout des doigts. Avec sa ceinture de marronniers sa minuscule et vétuste tribune en bois, son speaker n’avait à sa disposition qu’un modeste entonnoir à l’aide duquel il claironnait les annonces aux 4 coins de la piste. Avec ses officiels, starter, juges à l’arrivée, commissaires conscients de l’importance de leur tâche, ses soigneurs, et, évidemment ses coureurs aux maillots de soie rayonnants, le vélodrome était aux beaux dimanches de la belle saison, le rendez-vous préféré des sportifs troyens. Tour à tour les 2 fanfares de trompettes de l’époque, l’Etoile et l’Etendard aux musiciens empanachés, secouaient de leurs cuivres la torpeur du peloton, dans les épreuves de longue haleine, aidés en cela par les « populaires » tapant à tour de bras sur les balustrades, les panneaux publicitaires en zinc servant d’instruments…
La pluie, était l’ennemi déclarée des meetings cyclistes. Que de réunions noyées sous des averses, terminées à la nuit tombante après une longue interruption, l’essence enflammée sur le ciment hâtant la reprise du programme ! Mais leur persévérance, leur amour de « la petite reine », avaient raison de toutes ces embûches et le plateau qu’il présentait au public troyen, était de tout premier ordre.
Défilèrent sur la vieille piste troyenne toutes les vedettes de l’époque dont le quartier général était le Parc des Princes, à Paris, avec l’anneau de 666 m. de tour. Il y avait des Suisses, des Hollandais, des Italiens, des Anglais…
Vitesse, éliminations, courses de primes – des primes de la pièce de 10 f… au kilo de pot-au-feu ! -, poursuite, individuelle à l’américaine et la classique américaine en plat de résistance, figuraient aux programmes où, naturellement, étaient inscrits les coureurs locaux : Marcel et Jean Bidot étant les vedettes à part entière, avec les frères Dumontier, Fernand Comparini, Simonnet, Sébille, Bonnet, Goffin, Pérou, Périat, Choiselat, Millot, Egret, Gilet, Kamm qui fut le premier Troyen à disputer le Tour de France...
Hélas, le public, sollicité d’autre part, vint à bouder ce qu’il avait adoré.
Paradoxalement, c’est ce moment que choisit un cafetier du Canal, M. Foix, pour édifier une seconde piste, en bois, celle-ci, au Labourat, entre le bras de Seine et l’usine Herbin, sur un terrain où jouait l’équipe de foot des Patronages laïques. Une piste moderne avec 2 virages relevés et de courtes lignes droites, et dont les gradins et la tribune étaient beaucoup plus confortables que ceux de Croncels. Pour ce dernier, ce fut le glas, mais le nouveau vélodrome, n’eut qu’une courte existence. Il eut cependant le mérite de présenter aux amateurs de véritables courses derrière grosses motos.
Aujourd’hui, un groupe scolaire s’est installé à Croncels, et au Labourat, des Jardins Ouvriers se sont implantés.
La tribune de la piste du Labourat fut remontée au Stade de l’Aube et dite « d’honneur ».
« Une tribune, mais aussi des souvenirs qui sont restés pour nos parents », ainsi que me le rappelait mon père, qui fut secrétaire du Cyclo-Club se Troyes.
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