De nombreux aubois ont su, à partir d’une idée ou d’une conception, faire naître des productions originales, dont la plupart ont porté, au-delà de nos frontières, la réputation de qualité de la création française.
L’exploration sous-marine permet des découvertes les plus sensationnelles dans des domaines divers : espèces animales et végétales, substances organiques ou minérales, vestiges archéologiques et historiques…
Sait-on, à Troyes, que dans cette aventure merveilleuse qui passionne sportifs et savants, Monsieur Forjot a inscrit son nom au chapitre de l’équipement sous-marin ?
Oui, c’est un authentique Troyen qui a inventé le masque sous-marin.
En effet, le premier Brevet mondial pris dans ce domaine, a pour titulaire, depuis 1938, Monsieur Maxime Forjot.
Il a également mis au point un fusil sous-marin qui était considéré comme le meilleur et le plus efficace du marché international, confirmé par M. Dimitri Rebikoff, ingénieur français, grand spécialiste international de la pêche et de prise de vue sous-marine, qui l’a utilisé, principalement dans ses prospections dans la mer Rouge.
En égard au développement extraordinaire qu’allait prendre la chasse sous-marine en France, comme dans le monde, l’invention du masque sous-marin aurait dû être à l’origine de revenus considérables ! Mais, l’inventeur troyen, aux ressources modestes, en raison de la législation de cette époque, n’a pu exploiter lui-même son invention, ni céder son Brevet, ni entrer dans une société en apportant le Brevet… Lorsque l’on pense détenir une invention, il est intéressant de demander, auprès de l’Institut National de la Propriété Intellectuelle, un brevet. Celui-ci confère à l’inventeur l’exclusivité de l’exploitation de son procédé pendant en principe 20 ans, mais les démarches sont longues et coûteuses.
Il lui était difficile de trouver des capitaux, autant que d’évaluer correctement un apport effectué sous forme de Brevet. En tout état de cause, l’inventeur, livré à lui-même, obligé d’engager des frais considérables avant toute exploitation et avant tout rapport, s’est trouvé être une proie facile pour la spéculation. L’erreur de M. Forjot fut d’opérer tout seul, avec la conviction qu’il était effectivement protégé par son Brevet. Or, personne ne sait si un Brevet délivré par l’Etat est valable ou non tant que les tribunaux n’ont pas statué sur cette validité, ce qui signifie que pratiquement tout Brevet peut être attaqué en nullité. Ce fut ce qui arriva et de ce jour date une cascade de procès… qui ruinèrent inéluctablement l’inventeur, par ses frais engagés en procédures. Un tribunal déclarait le Brevet de M. Forjot nul, mais la cour d’appel concluait qu’il était valable. La cour de cassation cassait le jugement de la cour d’appel pour vice de forme !
Que deviennent dans tout cela l’intérêt de l’inventeur, l’intérêt de l’invention, et l’intérêt de notre économie, c’est-à-dire l’intérêt général ?
Des lettres venant de toutes les parties du monde ont comporté force compliments et satisfaction à l’égard de M. Forjot pour le matériel livré (Prince Rainier III de Monaco, Lord Mountbatten…).
On ne peut que constater avec amertume que, par un singulier paradoxe, une invention qui pouvait être une source de richesse pour l’inventeur et pour le pays a finalement coûté des millions à l’Etat en absorbant de la manière la plus stérile les activités de nombreux fonctionnaires et a causé la ruine de l’inventeur !!
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