La corporation des orfèvres de Troyes a des privilèges reconnus dès l’an 768, confirmés par Charles le Chauve en 846.
L’importance artistique de Troyes, se développe avec les foires de Champagne, et par le grand nombre de ses chapitres, abbayes et églises paroissiales, car toutes les corporations ou maisons religieuses, largement dotées, sont une source continuelle de travaux assurés pour les orfèvres.
Ils jouissent d’une réputation qui s’étend très loin, et Troyes devient un des principaux centres de la fabrication de l’orfèvrerie et de la joaillerie.
Un des premiers orfèvres de Troyes, Arnaoul, était en 1060 orfèvre attitré d’Henri 1er.
Les orfèvres troyens sont les premiers en France, à avoir des statuts, dès le XII° siècle. Il y est dit que nul, s’il n’est orfèvre, ne peut vendre ou acheter aucun objet d’or ou d’argent, et qu’ils ont le droit de s’emparer de ces objets, de les briser et de les envoyer à la monnaie pour être fondus. Le prévôt peut bannir pour cinq ans les coupables.
En 1367, lors de la visite à Troyes de Charles V, une très riche croix empierrée et émaillée créée par un orfèvre troyen, appartenant à la Collégiale St-Etienne, lui est offerte à sa demande (elle est au trésor de la Ste Chapelle à Paris).
Le tombeau et la statue d’argent de Henri le Large témoignent de l’habileté des orfèvres et les lettres que le roi Charles V adresse au bailli en mai 1369, prouvent que cette corporation occupe toujours l’un des premiers rangs de l’industrie troyenne.
En 1503, le plus réputé de nos orfèvres Jean Papillon fait un splendide reliquaire pour l’abbaye St-Loup. Le cardinal de Bouillon avoue " que c’est le plus beau qu’on puisse voir en France, et qu’il n’a rien vu de si beau en Italie ".
Deux de nos orfèvres étaient orfèvres du roi et des Guises en 1550.
Les orfèvres sont organisés par le pouvoir royal. En 1554, les jugeant trop nombreux, Henri II n'autorise par exemple, que 4 orfèvres pour la ville de Saumur, mais en 1556, Troyes compte 38 orfèvres maîtres, et en 1565, on en dénombre 43.
Le métier d’orfèvre est à cette époque, un art véritable, ils font des vases sacrés et des reliquaires auxquels la sculpture, la ciselure et la gravure donnent une grande partie de leur valeur.
Dans l’église St-Jean, paroisse des bourgeois et des riches marchands, on admirait jusqu’en 1760, la couronne " fleur-de-lisée d’or moulu, extrêmement riche et remplie de pierres précieuses ", que porta Henri V roi d’Angleterre, lors de son mariage dans cette église avec Catherine de France, fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière.
Saint Eloi, patron des orfèvres, naît en 588. Tout jeune, il manifeste du goût pour le travail des métaux, et est mis en apprentissage chez un orfèvre. Il y fait preuve de talent et en même temps se montre pieux et avide de s’instruire.
Conseiller très écouté du roi Clotaire II, il devient ministre chargé de gérer les finances royales, avant de devenir évêque de Noyon, et est à l’origine de la création du denier d’argent.
Sainte-Madeleine étant la paroisse des orfèvres, leur Corporation a offert en 1506, la verrière centrale, aux couleurs éclatantes, les plus importantes de l’école de peinture sur verre, à panneaux carrés, parmi les meilleures de l’École champenoise du XVI° s., qui sont consacrées à saint Eloi, comme vous pouvez le voir dans les images ci-dessous : Armoiries des Orfèvres, Prédiction de la naissance de St Eloi, sa Naissance, St Eloi apprenti orfèvre, St Eloi patron, St Eloi lisant la Sainte Ecriture, secourant les voyageurs malheureux, les bourgeois de Noyon le demandant pour évêque, sacre de St Eloi et de St Ouen à Rouen, prédiction de St Eloi, sa mort, la duchesse de Thérouanne regardant l’âme du saint s’envoler au ciel sous la forme d’une croix, St Eloi sur son tombeau, infirmes et malades au tombeau du saint, le duc de Thérouanne priant le saint pour obtenir sa guérison, la duchesse au tombeau du saint le remerciant d’avoir guéri son mari.
Les orfèvres de Troyes, depuis les premiers siècles, célèbrent deux fois l’an, en grande joie, la saint Éloi, en allant à l’église de la Madeleine leur paroisse, un cierge à la main, et prennent leur repas tous ensemble.
Malheureusement, la Révolution a détruit tous les trésors de nos orfèvres troyens si renommés, qui avaient réalisé ou réparé les châsses de sainte Hélène (Jean d’Orléans en 1339), sainte Syre, saint Savinien, saint Philippe (Jean de Premierfait en 1381, Nicolas Chevry en 1431), le chef de saint Philippe (Jean de la Rothière 1414), Saint-Jacques-aux-Nonnains, les images de saint Pantaléon, saint Jean-Baptiste, saint Urse, 4 textes d’ivoire et d’argent, les reliquaires de la cathédrale…
Au XVII° siècle, le célèbre docte bénédictin Mabillon avoue " qu’il n’avait jamais vu que le chef de saint Lambert à Liège, qui pût s’en approcher ! ".
Il ne reste en 2012, que quelques émaux de la magnifique châsse de saint Loup appelée " monument précieux et des talents de l’orfèvre, l’un des plus beaux et riches joyaux de France ", exécutés par notre célèbre orfèvre Jean Papillon et on pourrait ajouter aussi la Tourelle de l’orfèvre, une de cartes postales les plus vendues !
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