Le 1er siècle avant notre ère, les Tricasses frappaient déjà monnaie.
La Monnaie troyenne est restée ouverte 12 siècles, de l'époque mérovingienne à la veille de la Révolution.
A la fin du X° siècle, nous avons d'importantes émissions de Tricas. La monnaie de Troyes n'est plus royale, mais féodale, qui profite au comte.
Les aubois peuvent être considérés comme ayant créé la première banque en France.
Les Templiers (fondés en 1118 par l'aubois Hugues de Payns), sont chambellans de la papauté, chargés de récolter les taxes sur les croisades. Ils disposent d’une formidable puissance économique qui fait d’eux d’incontestables financiers. Ils contrôlent d’importantes sommes d’argent et leurs ressources sont considérables. Ils créent en plein Moyen-Âge un système monétaire perfectionné dans lequel figurent la plupart des opérations modernes : ouverture de comptes courants, avances, cautions, gestion de dépôts, transferts internationaux de fonds... Les formes diverses de spéculations financières qu’exercent alors les Templiers sont les bases mêmes des opérations bancaires actuelles. Etant établie sur des principes d’ordres religieux et militaires, la confiance des gens pour les dépôts d’argent, mobiliers, joyaux, se porte sur le Temple.
Le Temple est synonyme de protection et de sécurité. Servant de dépositaire pour les pèlerins en route pour les Terres Saintes, l’Ordre se voit confier de nombreux biens, et, possédant des relais aussi bien en Occident qu’Outre-Mer, permet aux Croisés d’obtenir en Terre Sainte des espèces contre attestation de versements opérés aux trésoriers du Temple de Paris, Londres...
Ce procédé n’est ni plus ni moins que ce que l’on appelle aujourd’hui une lettre de change ou un chèque. Le Temple de Paris, maison-mère de l’Ordre, fonctionnait comme une banque centrale où toutes les transactions financières passaient.
D’illustres personnages : le Roi d’Angleterre Henri III, Saint-Louis, Philippe Auguste, Philippe Le Bel y entreposèrent des fonds.
Il y a aussi nos Foires de Champagne pendant lesquelles se nouent des relations financières qui font de la cité troyenne une place de change de tout premier ordre dans le royaume. Piastres, pistoles, livres tournois, livres parisis, florins, toutes les monnaies hétéroclites passent dans les mains des changeurs qui les pèsent et les échangent.
Mais, on manque d’étalon monétaire. Ainsi est créé " l’once de troy ", pour mesurer l’or, l’argent, le platine, et qui est toujours en vigueur aujourd’hui en Angleterre !!!
Dès cette période, Troyes est considérée comme l’une des plus riches villes du royaume. (A l’époque un dicton se répand dans toute l’Europe: " Bourses de Troyes ")
Comme je l’ai écrit dans la page d’accueil, tous les Rois de France empruntent de l’argent à Troyes. En voici quelques exemples :
En 1304, Philippe le Bel reconnaît la nécessité de battre monnaie à Troyes, car la ville est l’un des plus importants marchés financiers du temps.
En 1345, l'atelier quitte la rue Boucherat, pour la rue de la Monnaie. C'est là que sera frappée la monnaie, jusqu'à la veille de la Révolution.
La ville envoie en 1360, des otages en Angleterre afin de garantir le paiement de la rançon du roi Jean II le Bon, prisonnier en Angleterre.
Jean Le Bon, crée une monnaie forte, le 1er franc en or pur, produit dans nos ateliers.
En 1364, Philippe le Hardi, nous demande 1.000 livres pour subvenir aux dépenses de sa campagne. Il réitère en 1369. en 1371, Charles V emprunte au Chapitre de Saint-Pierre à Troyes 120 francs d’or, remboursables à la saint Remi suivante.
Charles VI demande au clergé en 1381, 1.485 livres 4 sous. En 1382, il fait porter à l’hôtel des monnaies de Troyes, une partie de sa vaisselle d’or et d’argent, afin de fabriquer « avec le métal qui en proviendrait, des deniers d’or fin, aux fleurs de lys, ayant cours pour vingt sous tournois la pièce, et des blancs, valant quinze deniers l’un ».
En 1404, le roi nous demande une aide de 15.000 livres tournois, en 1406 10.100 livres, en 1415 18.000 livres.
La reine nous demande en 1418, 3.000, puis 2.000 et encore 3.000 livres. Henri V d’Angleterre emprunte en 1421, 500 marc d’argent. en 1423, Henri VI nous demande une aide de 5.470 livres, un subside de 3.000, un de 2.000 et enfin un de 10.000. En 1428 : 2.417 livres 15 sous 2 deniers tournois, 8.000 saluts.
. Louis XI demande en 1470 aux Troyens, de lui avancer 1.500 écus d’or, et au Chapitre de Saint-Pierre de lui prêter 200 écus d’or.
En 1479, Troyes continue de fournir de l’argent et des vivres pour les troupes du roi qui sont dans son voisinage.
En 1487, Charles VIII écrit à notre évêque, pour qu’il lui facilite un emprunt de 1.500 écus d’or couronnés, remboursables dans un an.
En 1490, le roi demande aux Troyens de lui accorder cent vingt chevaux
Le roi a encore des besoins d’argent en 1492. Comme à chaque fois, il pense à Troyes et demande 7.500 livres.
En 1496, le roi demande aux Troyens de leur emprunter 3.000 écus d’or, puis 8.000 livres.
Sous Louis XII, apparait le teston, appelé ainsi parce qu'il reproduit la tête du roi. En 1499, il demande un emprunt de 5.000 livres.
La monnaie de Troyes connaît une très bonne activité pendant le XVI° siècle, avec l'invention du balancier ou presse, permettant d'améliorer la frappe, et de produire des pièces parfaitement rondes, décourageant ainsi l'industrie des faux-monnayeurs.
Pendant les guerres d’Italie, en 1512, la ville prête 2.000 livres à Louis XII, elle achète de l’artillerie, fond la cloche du Beffroi, et vote des contributions volontaires.
En 1515, François 1er demande aux Troyens un don, sinon un emprunt de 4.000 livres, et un autre de 4.000 en 1519.
Malgré la misère qui règne en Champagne en 1520, la ville de Troyes accorde au roi la somme de 14.500 livres, puis 4.000.
En 1521, la ville est obligée d’emprunter 5.738 livres pour aider le roi à organiser son armée.
En 1522, pressé par des besoins d’argent, François 1er se rend à Troyes pour demander à la ville l’entretien de 200 hommes de pied, et en plus 3.600 livres. e roi demande en 1527, une nouvelle somme de 4.000 livres, qu’il souhaite en don. Les corporations religieuses, chapitres et couvents contribuent à la rançon du roi et des enfants de France. Le Chapitre de Saint-Pierre vend à cette occasion des joyaux et des reliquaires et celui de Saint-Urbain donne vingt écus soleil.
Notre évêque Odard Hennequin, que François 1er a choisi comme aumônier dès 1515, est sollicité en 1528, pour obtenir, à titre de don, 10.000 livres tournois destinés à servir à la rançon du roi et à la rédemption de ses enfants, le duc d’Orléans et le dauphin de Viennois, en otages en Espagne.
En 1534, il est décidé d’imposer les cent plus riches bourgeois de la ville, de 600 livres, pour la réception du roi.
La magnificence de François 1er et la guerre vident toujours le trésor royal. Le roi demande en 1536 aux Troyens 25.000 livres à titre d’emprunt, un nouveau prêt de 50.000 livres, des avances sur les impôts ordinaires, et 14.000 livres.
En 1538, le roi se trouve toujours embarrassé. Ses trésors ne suffisent pas. Il a recours au clergé, et implore un secours sous forme de don caritatif.
François 1er vient à Troyes, en 1542 et demande un emprunt de 30.868 livres. Chaque maison est taxée « de cinq écus au moins ».
En 1543, le roi demande encore une aide de 26.040 livres, et au clergé un don de 6.676 livres 18 sols 8 deniers. En 1553 il demande 25.000 livres, et au clergé 13.252 livres, remboursables en « deux termes, qui n’excéderont pas six mois ». C’est encore vers notre ville que se tourne le roi pour demander en 1555, un emprunt de 10.000 livres.
En 1557, le roi demande un emprunt important « d’une somme de 12.000 écus, levée sur trois cents personnes, et propose un intérêt payé au denier douze ». Le Conseil propose en échange, de payer la somme de 36.000 livres, en livrant de la vaisselle et des joyaux d’or et d’argent. Le roi accepte cette proposition. La ville de Troyes contribue donc à l’emprunt demandé par le roi pour cette somme, « fournie par le prix de la vaisselle, des bijoux et joyaux d’or, et par l’argent livré par ses habitants ». Cette vaisselle, pesée et vérifiée, est acceptée par les commissaires royaux, à la condition « de ne perdre que vingt sous par marc, selon conventions arrêtées ». Mais lorsqu’ils viennent prendre livraison, les commissaires ne veulent accepter la vaisselle et les joyaux qu’à un taux beaucoup plus bas, ce qui cause aux prêteurs « un grand préjudice. L’emprunt fut seulement réalisé à hauteur de 30.000 livres, et le roi fut engagé à servir un intérêt de 3.000 livres par an, ce qui est à 8 F 33 pour cent et par an ».
En 1559, Henri II demande à titre de prêt, 16.000 livres. Son fils François II, demande en deux fois, un emprunt de 38.000 livres.
Charles X demande en 1563 au clergé de Troyes une contribution de 100.000 écus de rente, et en 1566 un nouvel emprunt de 20.000 livres.
En 1567, le duc de Guise et les cardinaux de Guise et de Lorraine, écrivent aux habitants de Troyes, pour demander au profit du roi, un emprunt urgent de 50.000 livres, et offrent en garantie leur caution personnelle. Le chapitre de Saint-Urbain est obligé de vendre des joyaux de son église jusqu’à concurrence de 38 marcs d’argent, pour 672 livres 17 sous, et verse la somme de 600 livres 5 sous.
Le roi nous impose en 1568 pour 1.026.421 livres 10 sols tournois, " car tel est notre plaisir. "
C’est en raison de la réputation de négoce de notre ville, que les Troyens ont, une fois de plus, l’honneur de cautionner le roi de France, et d’être ses banquiers ou ses prêteurs. Charles IX est redevable, envers le duc Casimir, par le traité de 1568, de la somme " d’un million vingt-six mille quatre cent vingt et une livres dix sols. Sa Majesté lui donne pour caution du paiement de cette somme, les bourgeois de Troyes... "
La ville est frappée en 1569 d’une taxe de 15.000 livres, à titre de don en faveur du roi.
En 1571 apparaît pour la première fois, la Subvention générale, impôt levé sur la généralité des habitants, hormis le clergé. La ville est taxée à 52.000 livres. La création de ce nouvel impôt provoque des remontrances adressées au roi par les habitants de Troyes.
Henri, duc d’Anjou et frère de Charles IX, est élu roi de Pologne en 1573. Un don gratuit de 5.000 livres est levé en sa faveur. De plus, le roi contracte un emprunt de 36.000 livres au denier douze.
En 1574, le roi nous demande 20.000 livres, en 1575, 12.000, puis 5.000 et 10.000, en 1576, 30.000, en 1577, 37.100, qu’il s’engage à rembourser dans un an.
Suite à la paix, le roi, pour empêcher les gens de guerre de vivre sur les gens des campagnes, demande, à titre de subvention, 7.066 écus au bailliage de Troyes en 1578.
En 1579, le roi nous demande de lui prêter 500.000 f. Le clergé offre de payer la solde de 4.000 hommes de pied et de mille cavaliers pendant six mois. Le roi demande à la ville de Troyes, une nouvelle subvention de 10.284 écus.
En 1585, on ne compte pas moins de 72 personnes à la monnaie de Troyes. Pour entrer dans la corporation, il faut réaliser un chef-d'oeuvre, tant au marteau qu'au balancier, et sous réserve d'une enquête sur leur bonne vie et moeurs, la profession de foi catholique et romaine, et la fréquentation des sacrements. Ils avaient des privilèges : exemption de toutes tailles, octrois, gabelle, guets, garde des portes...
Le roi fait lever sur Troyes en 1586, une somme de 9.000 écus pour l’entretien, pendant quatre mois de ses militaires.
En 1592, Troyes est à nouveau taxée de 9.200 écus, puis de 12.000, pour payer des frais de guerre.
En 1636 le roi demande à la ville 600 livres pour le régiment de Navarre.
Louis XIII vient en 1637 pour demander un emprunt de 20.000 puis 200.000 livres, " sur peine de désobéissance ".
En 1638 sur ordre du roi, la ville doit payer 40.000 livres, puis 60.000, et en 1640, 96.000.
Pour l’avènement de Louis XIV (5 ans) en 1643, la ville de Troyes est frappée d’un don de 6.000 livres.
En 1645, pressé par le besoin, le roi demande qu’il soit fait sur les aisés de Troyes, fixés au nombre de 120, une taxe de 100.000 livres, et en cas de refus ou de délai, le roi saura se faire obéir ! Les dettes de la ville s’élevant à plus de 450.000 livres, le conseil décide d’un droit de 30 sous par chariot et de 25 sous par charrette traversant la ville.
En 1660 a lieu le mariage de Louis XIV avec l’infante Marie-Thérèse. A cette occasion, la ville est taxée à titre de don gratuit, de 30.000 livres.
Il est prélevé pour le roi, 30.000 livres sur les droits des vins en 1663.
Un édit de Louis XIV, de 1679, ordonne la fermeture de la Monnaie de Troyes, et sa réouverture en 1690.
En 1689 le roi demande un présent de 50.000 livres pour subvenir aux frais de la guerre contre l’Angleterre.
En 1690, la Ville donne au roi 50.000 livres, en remerciements pour lui avoir fait rétablir la monnaie qui avait été transférée à Reims. De plus, la ville lui consent un abonnement de 13.000 livres par an, sur les droits de vendange.
Le roi impose un droit d’entrée de 8 livres par muid d’eau-de-vie en 1692.
En 1694, le roi demande 60.000 livres, qui doivent être prises sur les maisons, de sorte que les propriétaires doivent donner les deux tiers du loyer d’une année, et le locataire, l’autre tiers.
Le roi a toujours besoin d’argent, mais en 1695, l’impôt le plus extraordinaire qu’eut à payer la ville de Troyes, est celui levé sur ceux qui ont la disposition des eaux de pluie, de sources, de ruisseaux et de rivières non navigables. Cet impôt, exorbitant dans son principe frappe la ville et les propriétaires. Troyes est taxée à 2.800 livres, payées « par ceux qui contribuent à l’ustensile ».
En 1696, le diocèse est imposé à 45.000 livres.
Le roi est toujours à court de ressources, et en 1697, la ville est contrainte à faire enregistrer ses armoiries à la chancellerie. Le droit est de 50 livres, plus les 2 sous par livre.
En 1699, le roi demande 70.000 livres pour une taxe sur des lanternes qu’elle n’a pas et aussi pour les boues et fumiers. La ville refuse de payer. Son évêque Bouthillier de Chavigny obtient du roi la décharge de cet impôt, etc…etc…etc…
Encore aujourd'hui, l'unité de vente pour les métaux précieux sur le marché de Londres, est l'once-troy, dérivée de la livre-troy, employée aux Foires de Troyes (voir Questions-Réponses du 6 septembre 2014).
Cette institution a été pendant des siècles, un facteur de prospérité économique de la ville. Elle a été le reflet de la grandeur de Troyes, capitale de la Champagne.
Je pense que maintenant vous êtes convaincus :
si Troyes n’avait pas existé,
le sort de la France en aurait certainement
été changé !!
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